Les plumes noires
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Les plumes noires

Forum de la session 2012/2013 de l'ACF des Plumes noires
 
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 Chapitre 6 complet, lissé, corrigé

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Dolphin Emulator

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MessageSujet: Chapitre 6 complet, lissé, corrigé   Chapitre 6 complet, lissé, corrigé EmptyMer 22 Mai - 17:51

- Allez calme-toi … dit Faye à son amie en lui tapotant l’épaule.
- Hm, dit-elle simplement.
- Et puis on va à Paris ! C’est génial non ? Tu es déjà allée là-bas toi ?
- Quand j’étais petite.
- Bah c’est super, ça va faire remonter plein de souvenirs !
- Ça va surtout les tacher de sang …
- Oh mais franchement, tu me facilites le transit intestinal …

Se replongeant dans son siège, elle croisa les bras dans un air renfrogné alors que Kalian regardait le paysage défiler par la fenêtre du train. Cette fois pourtant, il n’y avait pas de raison pour que la mission tourne mal. Mandaté par le Qatar pour escorter une œuvre d’art, Faye devait tirer le meilleur prix possible du tableau. Pas de terroriste. Pas de balle. Une présence à peine utile pour la jeune sniper qui en vérité était juste là pour un simple caprice de Cheik. Elle n’était pas sensée presser sa détente, ne serait-ce qu’une seule fois.


Le coup de feu déchira l’air comme le tonnerre. Il fallait courir vite, très vite. Les balles pleuvaient comme la pluie qui tombait alors que sur les toits les éclairs des échanges de tirs brillaient sur le béton humide. Les yeux de la jeune sniper ne voyaient plus rien tant la visibilité était mauvaise, la réduisant au tir à l’aveugle, la réduisant à un animal, tuant par instinct.
Un genou à terre, son épaule était détruite par le recul de la lourde arme à chaque tir mais elle ne pouvait pas laisser tomber. Le moindre mouvement, la moindre silhouette devenait une cible alors que dans son esprit tournait en boucle son seul objectif : elle ramènerait tout le monde en vie au lycée.
Non.
Elle ramènerait tout le monde à la maison.
Un bruit retentit juste derrière elle et, pivotant sur son unique appui à terre, elle heurta violemment la personne dernière elle avec le canon de son arme. Avec un cri de rage, elle appuya sur la détente.

- Ka…lian…

Son œil recula lentement de son viseur et sa vision retrouva sa netteté. Alors que le soleil commençait à se lever dans le ciel aux nuages déchirés, Kalian put voir autour d’elle. A ses pieds gisait le corps d’une personne bien connue. Tendant sa main mutilée par le puissant tir vers elle, Faye implorait son aide en silence. Un cri de terreur monta de sa poitrine pour finalement déchirer le silence.
Autour d’elle, pas un assaillant mort.
Juste des amis.

- KALIAN !

Se réveillant en sursaut, les doigts de la jeune fille se plantèrent dans les bras de la négociatrice. Regardant autour d’elle, elle tenta de ralentir ses battements de cœur.

- J’ai … J’ai rêvé …

Soupirant, elle se laisse tomber dans son siège. Autour d’elle, les autres se mirent à murmurer, inquiétés par l’étrange attitude de la sniper. Faye dû passer le reste du trajet à la rassurer.

Posant son sac sur le lit de l’auberge de jeunesse, Faye soupira alors que Kalian, elle, se laissa tomber sur le matelas de son amie.

- Hey ! Tu ne voulais pas prendre le lit du haut ?
- J’ai une tête à pouvoir grimper une échelle ? Je suis devenu un chamalow …

Souriant en secouant la tête, elle l’imita et appuya sa tête dans le creux de son dos. Soudain, l’une des premières années rentra dans son champ de vision et demanda d’une voix timide.

- Dites, on voudrait aller acheter des trucs à la supérette d’en face. Ça vous dis de venir ?
- Ouais pourquoi pas ! La mission commence demain, autant prendre du bon temps un peu avant ! Tu viens Kalian ? S’enthousiasma Faye en se redressant.
- Je n’arrive pas à monter une échelle, tu voudrais que je marche jusqu’à l’autre côté de la rue en plus ?
- Oh allez, t’es pas si crevée que ça !
- Bah si justement. Mais vas-y, t’as pas besoin de moi pour t’amuser, on est pas mariées non plus.

Un fin sourire passa sur les lèvres de la négociatrice et elle ébouriffa les cheveux de la sniper en riant alors que cette dernière lui expédiait un regard désabusé, trop faible pour se défendre. Faye prit alors sa carte magnétique entre ses doigts et demanda à son amie.

- Tu nous ouvriras ou on prend nos cartes ?
- Je vous ouvrirais t’inquiète. Au pire si je dors, appelle-moi.
- Ok.
- Au pire nous avons la notre. Dit Dyght.
- Non j’ai pas la mienne ! Dit Roman.
- Peut-être, mais nous oui. Appuya Dyght, d’une voix légèrement plus grave.
- Oh ça va allez, on s’en fiche de qui a une carte, on demandera à Kalian. Trancha Rachel en soupirant.

Sur ce, le petit groupe se dirigea hors de la salle, fermant doucement la porte alors que Kalian se laissait tomber sur le lit. Ils traversèrent l’auberge de jeunesse sans un bruit, puis, une fois dans la salle d’accueil du bâtiment, Roman décréta qu’il voulait boire quelque chose avant d’y aller. Faye haussa les épaules et d’un commun accord, ils se vautrèrent en groupe autour de l’une des tables de la réception qui faisait aussi office de café. Roman demanda une limonade, rapidement joint par Dyght qui, après un long débat avec ses nombreux lui-même, demanda un café grenadine afin de satisfaire tout les partis. Faye, jugeant l’idée amusante, fit la même commande et Rachel demanda un simple jus de fruit. Alors qu’ils attendaient leurs commandes, cette dernière se retourna vers Faye.

- Hey Faye. T’es sûre qu’on est en sécurité avec elle ? Demanda Rachel.
- Elle ? Kalian ? S’assura-t-elle.
- Non le pape… Soupira Roman en jouant avec une salière.

La négociatrice réalisa alors que les trois premières années la regardaient avec attention et elle comprit que la sortie n’était sans doute pas innocente. Elle soupira et dit d’un ton sec et agacé.

- Le pape je sais pas, mais elle, elle a fait son travail et elle l’a toujours bien fait donc…
- Ouais mais Thomas est mort à cause d’elle… C’est elle qui lui a tiré dessus non ? Demanda Dyght.
- Quoi ?! Mais pas du tout ! Thomas était mort quand elle est arrivée, mais c’était pas du tout le bon calibre qui a été utilisé. Répondit-elle du tac au tac.
- Si tu le dis… Soupira le jeune homme.

Apparemment, son excuse les convainquit car ils enchaînèrent sur un autre sujet. Faye se retira progressivement de la conversation pour finir par ne plus rien dire du tout, se contentant d’observer avec un air intéressé pour ne pas attirer l’attention. Elle avait complètement inventé son histoire de calibre, Kalian avait même subit une enquête de l’administration à cause de l’incident, mais évidement, ils n’avaient rien trouvé. Le détail était en effet troublant, mais pourquoi aurait-elle tué Thomas ? Ça pouvait bien être un des terroristes. Et puis selon Kalian, il aurait dû voir le spot du sniper juste en face de lui.
Et pourtant … Kalian était arrivée après ...
Juste après qu’ils eurent fini leurs consommations, ils se levèrent et sortirent de l’auberge de jeunesse.

Les quatre élèves du LP2I apparaissaient clairement dans son champ de vision. Sans lunettes, sa position ne pouvait pas être trahie par un éclat de lumière. Ils traversèrent la rue sans encombre.

- Kalian ? Kalian ouvre ! Raaah elle dort … Je vais l’appeler.
- Attends nous allons ouvrir. Déclara Dyght.
- Pourquoi tu parles toujours de toi comme ça ? Soupira Roman.
- Parce que nous sommes plusieurs. Répondit-il comme si c’était une évidence.

Lorsque le voyant de la serrure vira au vert, la poignée tourna seule dans sa main et le jeune homme sursauta en arrière. La porte s’ouvrit sur une Kalian aux yeux rougit, les cheveux en bataille. Elle s’écarta sur le côté pour les laisser passer et regrimpa dans son lit avec une lenteur surprenante.
- Oula… Tu as la motivation d’un lynx asthmatique… Mais au moins tu as débarrassé mon lit.
- Je t’ai dis que j’étais morte … Fit-elle en se contentant de lever un bras avant de le laisser retomber.
- Tu veux manger un truc ? Demanda Rachel.
- Vous avez des harritsu ?
- Des quoi ? S’étonna Roman.
- Du chocolat au piment. Expliqua Faye en aparté. Non, on en a pas, mais si tu veux, y’a du nougat et des kiwis.
- Nan ça ira.
- Y’a du chocolat aussi. Nota Roman.
- J’ai dis non … Gronda-t-elle en se retournant pour fermer le rideau cloisonnant son lit.

Lorsqu’il n’y eu plus du tout de bruit, lorsque tout le monde dormit finalement, Kalian rouvrit ses yeux et bougea doucement pour dégager l’étui de son fusil de sous elle. Descendant doucement de son lit, en silence, elle se glissa hors de son lit puis en dehors de la chambre.
Marchant doucement dans les couloirs sombres, elle descendit à la réception et, évitant la vigilance faiblissante des réceptionnistes, sortit du bâtiment pour rejoindre le fourgon. Faisant glisser la portière après avoir utilisé le passe-partout de Mary, elle reposa son arme à sa place et envoya rapidement un SMS. Par la suite, c’est en rasant les murs qu’elle rejoignit la chambre. Ce fut là sa seule erreur.
Alors qu’elle était dans l’escalier, deux bras la saisirent soudain fermement et la plaquèrent contre le mur, mais ils ne venaient pas de devant elle. Ils venaient du mur.
Dyght apparut ensuite soudain devant elle, comme si il avait toujours été là, le regard froid et sévère.

- Pourquoi tu avais ton arme ? Demanda-t-il abruptement.

Les bras la retenant par les aisselles se remontèrent légèrement et la tête de Rachel traversa le mur comme si il était fait d’eau.

- Répond Kalian ! C’est toi qui es responsable de ces meurtres ?!

La sniper grogna et balança un coup de tête en arrière ; même si cette dernière rencontra le mur, elle avait tout de même légèrement touché sa cible. Au moins cette dernière était prévenue.

- Tu penses obtenir une réponse en étant si direct ? Amateur ! Cracha-t-elle.
- Ça veut dire oui ? Gronda Dyght.
- Ça veut dire que vous êtes horriblement stupides ! Vous vous attaquez à la mauvaise personne !
- Qu’est-ce qui nous dis que tu ne mens pas ?!

Elle se débâtit violemment avant de soupirer de rage.

- Ok, je vais vous expliquer…

- Tu m’entends Dyght ?
- Oui oui. Fit la voix de ce dernier à travers le talkie-walkie.
- Comment va notre bébé ?
- Comme un tableau.
- Magnifique !

Faye coupa la communication avant d’appeler tour à tour tous ses collègues. Tout le monde avait été surpris de constater que le pouvoir de Dyght était de ne pas imprimer son image dans l’esprit des gens. La première chose qui sautait pourtant aux yeux avec lui, c’était plutôt le « eux » qui le caractérisait. Mais en fait non, Dyght souffrait simplement d’un dédoublement de la personnalité. Rien d’exceptionnel en soit.
Il(s) avai(en)t donc été(s) enchanté(s) d’écoper de la surveillance du tableau. Simplement assit devant, à regarder passer des gens qui, eux, ne le voyaient pas. Ou plutôt ne se souvenaient pas.
Rachel était dans une sale secrète, juste derrière l’œuvre, prête à la tirer dans le mur en cas de problème, quant à Roman, il avait passé la nuit à chercher des informations dans les rêves des propriétaires du tableau et dormait à présent. Dormait vraiment cette fois.
S’étirant, Faye s’avança vers la vitre teintée donnant sur la salle d’exposition. Ce genre de salle lui donnait une légère impression de déjà vus, sauf que cette fois, Kalian était hors de vue, quelque part sur les toits du musée.
Elle posa son doigt sur le bouton correspondant à sa fréquence, hésita, puis finalement rangea l’appareil. Qu’est-ce qu’elle avait à lui dire ? En plus, la connaissant, elle allait l’incendier pour avoir brisé sa concentration sans raison. Parce que oui, il n’y avait pas de raison.
Tout allait bien se passer de toute façon… Non ?


- Waaaaa ! Bailla Faye en s’étirant. Qu’on ne vienne pas me dire que le LP2I ne possède pas les meilleurs élèves du mondes … 24 euro le Degas, ça, c’est du professionnalisme !
- 625 000 fois moins … Mes félicitations. Soupira Kalian, la tête entre ses bras.
- Tu vas pas encore faire la gueule … Dit Rachel avec lassitude
- Naaaan. Juste dormir comme une marmotte pendant tout le trajet.

Sur ce, elle ferma les yeux et détourna la tête.

- Au moins tout s’est bien passé. Marmonna Roman. J’ai vraiment eu peur qu’on meure pendant la mission …
- En même temps, on est pas venu au lycée pour faire du tricot. Déclara Faye en haussant les épaules. Après si ton pouvoir c’est ça, je comprends, mais vu qu’apparemment non …
- Oh je pourrais tu sais. Vu que je passe mon temps à pioncer et à retranscrire mes infos, j’ai pleiiiiin de temps libre.
- Bah voilà, met-toi au tricot.

Le fourgon s’arrêta sur une aire d’autoroute déserte, perdu au fond d’un bois longeant la route. Suite à une menace collective de souiller les sièges puis à une intervention de Faye auprès du conducteur, ce dernier avait accepté de leur léguer une pause pour aller aux toilettes. Avant de descendre, Rachel secoua l’épaule de la sniper afin de la réveiller. Le temps qu’elle émerge et qu’elle sorte, les premières années revenaient. La tête dans le vague, elle flotta jusqu’aux cabinets pour finalement poireauter devant les seules toilettes à ne pas être turc, devinant que Faye s’y trouvait. Lorsque cette dernière sortie enfin, elle haussa les sourcils.

- Tu as une tête au réveil toi …
- Merci je sais, tu peux rester avec moi pour pas que je m’endorme sur le trône ?
- Ma reine… Fit-elle en lui désignant l’entrée des toilettes

Sur ce, elle se glissa entre elle et la porte avant de la claquer derrière la négociatrice. Cette dernière s’appuya sur le mur et s’amusa à écouter les remarques fleuries et courtoises de son amie sur l’état des lieux entre le « Ah merde, y’a pas de lumière… » et le « Ah non, c’est automatique… ». Finalement, elle abandonna et observa les bois alentours. Comme toute petite aire sans supérette qui se respecte, ils étaient lugubres à en mourir, surtout dans la lumière blafarde des lampadaires entourant le bloc de béton. Elle soupira en secouant légèrement la tête ; la mission s’était bien passée, pourquoi …


- KALIAN ! KALIAN ! KALIAN OUVRE BORDEL !

Relevant la tête du lavabo où elle se lavait les mains, elle aboya un « C’était quoi ce bruit ?! » bref auquel Faye répondit dans la seconde.

- Le fourgon a explosé ! Sort ! Vite !

Se précipitant sur la porte, elle ne s’arrêta même pas pour parler à Faye, elle fonça vers le véhicule. En flamme. De lourds nuages d’une fumée grasse et noire s’en élevaient, chaussées de flamme en son foyer. On distinguait juste la carcasse à travers le rideau ardent. Elles ne pouvaient plus rien faire.

- ET MERDE ! Cria la sniper en donnant un coup de pied dans une bûche.
- Mais qu’est ce qu’on va faire ?! S’affola Faye
- Mais j’en sais rien ! Aboya-t-elle, excédée.
- On doit rappeler le lycée tout de suite !
- Fais-le !

Le lendemain, les deux jeunes filles, seules survivantes de cette hécatombe, étaient de retour au lycée, ramenée encore une fois en urgence. Le chemin du retour avait été silencieux, les adolescentes étant encore choquées par ce qui venait de leur arrivé. Cela ressemblait tellement à une de leurs missions précédentes …

La première chose qu'elles durent faire en arrivant fut un rapport détaillé de ce qui s'était passé lors de cette mission aux responsables du lycée. Ce fut un récit monotone et sans émotion.
Elles furent relâchées lorsque ceux qui leur faisaient face eurent obtenu tous les détails qu'il souhaitaient. Faye les entendit commencer à murmurer sur le récit qu'ils venaient d'entendre alors qu'elle quittait la salle.

Elles se rendirent ensuite à la cafèt', ayant hâte de retrouver leurs amis, en quête d'un réconfort nécessaire.
Ils y trouvèrent des visages familiers et inquiets, alertés par les nouvelles sur la mission qui s'étaient propagées comme une traînée de poudre dans le lycée.
À leur demande, les deux adolescentes recommencèrent leur récit. Ce fut Faye qui entama le discours, mais elle sombra dans ses pensées, laissant à Kalian la tâche d'achever le récit.

- Le fourgon a explosé ? Comme ça ? Sans raison ? Demanda Étienne, qui ne pouvait y croire.
- Oui, sans raison, lui répondit la sniper. On a vraiment aucune idée de ce qui a pu se passer. Aussi dingue que cela paraisse.
- C'est pas possible … Combien de personnes sont mortes ?
- Tous ceux qui étaient avec nous.

Le silence tomba. La nouvelle était dure. L'ambiance au lycée n'était déjà pas des meilleure, et ce n'est pas ça qui allait arranger les chose.

- Je reviens, je vais aux toilettes, annonça Kalian, brisant momentanément le silence.

Elle partit vers sa destination.

Faye, assise sur un tabouret haut, observait minutieusement ses mains. Depuis quelques temps, un détail, une vague idée, avait germé dans son cerveau. Ne pouvant y croire, elle avait refoulé cette pensée dans un recoin de son esprit. Cependant, l'ambiance qui régnait sur le lycée, et surtout les récents événements, étaient venus alimenter cette idée. Est-ce qu'il se pourrait que ...

- Faye ? Tu vas bien ? T'as l'air bizarre.

L'adolescente sursauta. Plongée dans sa réflexion, elle en avait oublié ses amis.

- Euh …

Elle hésita. Était-ce une bonne chose que de partager ses doutes ?

- À vrai dire … Il y a quelques détails qui me gênent dans ce qui s'est passé à Paris, et parmi les événements qui ont précédés.
- Vas-y, raconte, l'encouragea Aria.

Faye inspira un grand coup.
- Eh bien, c'était Kalian qui était chargée de me protéger dans cette mission, n'est-ce pas ?
- Oui, et elle a accompli sa tâche en te ramenant saine et sauve, non ?
- Mais tous les autres élèves sont morts. Et c'est par chance qu'on s'en est sorti.
- C'est vrai ...
- Une autre chose qui me gêne, c'est le concert de métal. Vous vous rappelez, à ce moment, c'est aussi Kalian qui devait assurer ma sécurité.
- Je crois que je commence à comprendre là où tu veux en venir … marmonna Étienne, resté silencieux jusque là.
- Et encore une fois, ça a mal tourné.
- Ce n'est pas sa faute si ça tourne mal quand même … modéra Élina.
- Il en reste que Thomas est mort. Rappelez-moi comment ?

Tout le monde se tut. Bien qu'ils connaissaient tous la réponse à cette question, personne ne pouvait croire en l'hypothèse désormais claire qu'implicitaient les propos de Faye.

- … D'une balle de sniper dans la tête, répondit finalement Aria.
- Donc … tu penses que c'est Kalian qui est derrière tout ces … événements ? se risqua Élina.
- Franchement, c'est pas de bon cœur que j'accepte cette idée, mais il faut malheureusement admettre que pas mal de soupçons pèsent sur elle … fit Faye.

Le silence s'installa. Chacun réfléchissait à ce qui venait de se dire. Il était vrai que Kalian avait beaucoup d'arguments en sa défaveur, mais était-ce vraiment elle qui avait tué leurs amis ? Avait-elle tué Lucas, Arthur, et tout les autres élèves ? Les adolescents avaient du mal à y croire.
C'est ce moment que choisit Kalian pour revenir. Ne se doutant de rien de ce qui venait de se passer, elle constata avec surprise le silence qui régnait dans le groupe.

- Eh bien, c'est la grosse ambiance à ce que je vois … Il s'est passé quelque chose ?
- Non non, rien … répondit Élina.
- On va manger ? proposa Étienne. Je commence à avoir faim.

*

Kalian, Eileen, Faye et Étienne marchaient en silence, en direction du self. Ce qui se passait dans lycée remuait leurs esprits et les dialogues amicaux se faisaient de plus en plus rare entre les membres du groupe. Soudain, la jeune fille colorée remarqua une grille d'aération et la montra du doigt.

- Dis Lucas, tu n'étais pas trop à l'étroit là-dedans ?

Le reste du groupe lui jeta un regard affligé mais cette fois, au lieu de laisser ceci passer, Kalian pesta :
- Tu pourrais éviter de ressasser en nous ces douloureux souvenirs, non ?
- Laisse-la, tenta Faye, elle ne sait pas ce qu'elle dit.
- C'est pas une raison ! S'emporta la sniper.
- Elle n'y peut rien !
- Et alors ? Je vais te la dresser moi !

Sous les cris, Eileen se mit a pleurer en criant qu'elle n'avait rien à faire dans cette histoire et qu'elle ne voulait pas qu'on se dispute. Étienne, lui, comptait les points en râlant.
Le conflit grimpa si bien qu'il fallut séparer les filles avant qu'elles n'en viennent aux mains.
Ce midi, chacun mangea de son coté en se demandant comment de telles choses pouvaient arriver. Jamais il n'y avait eu de telles disputes dans le groupe. Si Ambre avait été la, elle aurait pu tenter de les calmer pensèrent-ils amèrement.

*

Le corps de Lucas nageait dans une mare vermeille. Mare dans laquelle trempaient aussi ses vêtements. Des lambeaux de peau se détachaient de l'abdomen de l'élève massacré à l'arme blanche. Et puis, il y avait cette odeur. Un parfum nauséabond, qui embaumait toute la pièce, et étouffait la jeune fille, remuant même ses entrailles. Elle sentit ses genoux se dérober sous elle et ses yeux se remplirent des larmes. Ambre chercha son souffle, appuyée sur le mur pour ne pas buter contre le sol grisâtre. Sa respiration saccadée accompagnée à la perfection ses sanglots à peine audible. Un bruit se fit entendre dans le couloir. Elle porta une main à sa bouche pour essayer d'étouffer ses quelques gémissement : les élèves dépassèrent la salle sans faire autre chose que rire et rire encore.

Ambre prit quelques minutes pour se calmer avant de sortir, complètement chamboulée. L'image de son ami blafard au possible et dépourvu de souffle la poursuivait jusque dans les moments de noir qu'elle s'imposa d'elle même. Dès qu'un groupe la dépassait, la jeune fille usait de son pouvoir et leur transmettait ses angoisses, de même que ses peurs et sa tristesse dévorante. Des pleurs résonnaient de toutes part et ses forces déclinaient rapidement. Un grand garçon de dernière année eut la gentillesse de l'accompagner jusqu'à sa chambre, bien qu'accompagner soit un grand mot : il la portait presque tant la petite blonde tremblait. Arrivée dans la pièce, elle se dirigea tant bien que mal vers la salle de bain, quand laquelle elle récupéra une lame dont l'éclat brillant l'aveugla.

Retourner au lycée lui prit un temps fou : les larmes revenaient à une vitesse époustouflante et trop souvent le souffle lui manquait. Quelques questions fusèrent à son passage « Que se passe-t-il ? » mais les mots restèrent bloqués dans sa gorge. Avec une douceur déchirante, ses doigts frôlaient chaque murs, chaque objets qui traînaient à hauteur comme si c'était son dernier passage. Le dernier d'une vie. Enfin, la 2so2 et l'odeur de mort qui semblait flottait jusqu'au tableau blanc tâché de bleu et de rouge. Les tables remplissaient la pièce d'une drôle de manière, les deux derniers rangs du fond étaient bougés de façon à former un carré parfait autour du corps à l'abandon. L'air semblait immobile, chaud et lourd, surchargé de mauvaises choses. Lentement, Ambre traversa cette pièce qui lui était à la fois familière et inconnue avant de tirer une chaise et ainsi briser l'ordre instable qu'il y régnait. Elle s'écroula sur l'objet, la tête rentrait entre ses épaules encore agitées. La jeune fille enleva lentement son gilet, délaça ses converses avec des gestes nerveux et finalement remonta le bas de son pantalon autant qu'elle put. Quand elle eut dénudé le plus de peau possible, elle sortit un petit étui. Ses gestes se firent précautionneux et précis pour l'ouvrir et en retirer le contenu, à savoir sa lame. Lame qu'elle nettoya avec soin, effaçant quelques traces de sang. Son sang. Un sang qui maculerait encore le métal utilitaire.

Un long sifflement retentit dans le couloir, tout prêt de la porte. Elle se figea et attendit une dizaine de minute, les yeux rivés sur les cheveux châtains de son défunt ami. Enfin, elle eut la force d'empoigner pleinement la lame et de parcourir sa peau d'albâtre avec. Ambre commença par la chair tendre des bras qu'elle entailla légèrement, puis les jambes avec un peu plus de force pour bien ressortir la morsure de ce morceau froid dans son corps. La douleur irradiait une chaleur infernale sur son épiderme frissonnant. Dernier effort. Elle dérapa et s'entailla profondément l'avant bras. Réitéra cette erreur sur son opposé. Et regarda des larmes rouges s'échapper des tissus déchirés.

Noir.

Tout est noir.

Puis rien.



*

Eileen marchait, tremblante, vers la salle. Elle sentait son cœur battre la chamade sous sa poitrine. Quelque chose, quelque chose d'étrange l'appelait vers cette salle.
Une longue plainte déchira le silence de son esprit. Il y avait, pas loin, un fantôme qui avait sans doute très mal.

- Ce n'est pas normal, murmura Eileen pour elle même. Les fantômes n'ont pas mal.

Elle plaqua ses mains sur ses oreilles, sans parvenir à étouffer le cri. Debout devant la porte close, elle éclata en sanglots.
Elle n'avait pas envie de découvrir derrière cette porte le corps sans vie d'un de ses amis, encore. Si elle avait pu, elle serait revenue un an en arrière, quand son pouvoir avait commencé à se déclarer ... Satané pouvoir !
Sur son dossier, quelque part dans une des piles de paperasse de Faye, on pouvait lire « jeune fille très souriante, un peu trop émotive. Pouvoir possible prévu : influence des émotions, ou pouvant ressentir celles des autres »
Ça non, même ses pires cauchemar elle n'auraient pu prévoir ce pouvoir maudit. Et si elle avait pu savoir avant, sans doute n'aurait-elle même jamais posé sa candidature.
Eileen appuya sa main sur la poignée. Sur qui cela allait-il encore tomber, aujourd'hui ? La plainte se faisait plus forte, emplie de douleur. Malgré toute sa peur, Eileen appuya finalement sur la poignée.
Le prénom franchit ses lèvres en même temps que le cri d'horreur :

- Ambre !

Elle claqua la porte, puis inspira un grand coup. C'était un cauchemar. C'était forcément un cauchemar, encore un, un mauvais tour de ces satanées illusions. La jeune fille rouvrit le panneau de bois une fois, deux fois, dix fois. Mais ce maudit cadavre refusait de disparaître. Eileen n'arrivait à se résoudre à aller voir de plus près.
À cours d'idées, elle finit par choisir de courir chercher de l'aide. Elle tira simplement la porte, n'ayant de toute façon pas les moyens de la fermer pour empêcher les curieux de rentrer. Elle ne serait pas longue, de toute façon.
En déboulant dans la cafèt', elle tomba sur Kalian, Faye et Corentin.

- Et là, tu es mort, déclara calmement la jeune négociatrice.
- Quoi ?
- Échec et mat, annonça cette dernière en déplaçant son fou. Pour la quatrième fois. Il faut vraiment que tu fasses des efforts d'attention, Corentin.
- Pardon. On la refait ?

Eileen choisit ce moment pour gémir - les quatre secondes précédentes ayant été mise à profit pour récupérer de sa course folle.

- Quelque chose ne va pas, Eileen ?
- Ambre ! Ambre est …

Ses trois amis bondirent aussitôt sur leurs pieds, et Kalian fila sans même demander la salle.

- Calme-toi, ordonna Faye, et explique. Tu l'as vue ? Tu as vu son fantôme ?
- Elle est dans une salle. Allongée par terre. Et avec du sang. Du sang ! Du sang ! Allongée par terre ! Avec des papillons bleus ! Et une marmotte qui ...

Faye échangea un regard entendu avec Corentin. Ils n'en apprendraient pas plus.

- Et la salle ? Tu te souviens du numéro de la salle, Eileen ?
- La salle ?

Le regard de la jeune fille était vitreux.

- L'endroit où tu l'as vue.
- Une piscine ?

D'un hochement de tête, Faye signala à son ami qu'ils devraient se débrouiller seuls.

En déboulant devant la salle, moins de trois minutes plus tard, ils eurent la surprise d'y trouver Kalian, l'air impatient, son téléphone dans la main.

- C'est fermé à clé, indiqua cette dernière. Je viens d'appeler Mary, elle arrive. Mais je ne voulais pas bouger d'ici, que personne ne rentre. Maintenant que vous êtes là, surveillez cette porte. Je vais la chercher.

Elle partit en courant, sans même se retourner pour répondre à Faye, qui lui criait :

- Mais attend ! Comment tu peux être sûre que c'est ici ?
- Elle doit avoir ses sources, répondit Corentin. C'est une bonne guerrière, ce genre de gens est toujours bien informé ...
- Je la trouve louche, avoua Faye, un peu honteuse de soupçonner une amie. Tu te souviens de la mission métal ?

Corentin ouvrit la bouche pour lui répondre, mais il fut coupé par Mary qui arrivait en courant, son trousseau de clé en main. La porte close ne lui opposa pas plus de résistance que si elle avait été grande ouverte, et la seconde d'après, les trois adolescents s'engouffraient dans la salle, suivis de près par Kalian qui revint au même moment.

Mary brisa le silence qui s'installait :

- Et bien ? Elle est vide, votre salle !
- Je vois ça, grogna Kalian.
- Si elle était morte, elle n'a pas pu aller bien loin !
- Merci Corentin pour cette remarque pleine de bon sens ! Faye, ta copine folle a complètement pété les plombs ! C'était la dernière fois que je lui faisais confiance !
- Attend, Kalian, reprit Faye avec douceur. Il y a des traces de sang par terre. Il s'est bien passé quelque chose ...
- Des traces de sang, ouais ! À moins que l'autre gamine soit venue se tartiner de grenadine ici avant avant de paniquer toute seule en voyant les taches rouge qu'elle faisait !

Sur ces mots, elle partit en claquant la porte, manquant d'assomer Mary au passage. Cette dernière se faufila dehors à son tour.
Faye continuait de raisonner :

- La porte était fermée à clé, en arrivant. Hors, ce n'était pas le cas quand Eileen était venue, ou elle ne l'aurait pas ouverte.
- Elle a peut-être crocheté la serrure, suggéra Corentin.
- Bien sûr. Et avec quoi ? Son sèche-cheveux ? Avant de tout refermer à la perceuse ?
- Ouais, pardon.
- Mais Kalian ... Elle était là avant nous ...

Elle s'apprêtait à faire part de ses suppositions à Corentin, mais le haut-parleur s'alluma à cet instant, demandant Faye, pour changer, d'urgence à la vie scolaire. On avait besoin d'elle pour les préparatifs du deuxième épisode des vingt-cinq ans du lycée. Au programme, discours, chants, musique, et surtout, gros gâteau et distribution des tablettes tactiles aux élèves.

*

- C'est dommage, soupira Faye en sortant, une demi heure plus tard, des cartons de ces joujoux tactiles devant une salle vide. C'est Lucas qui les attendait le plus, et il n'en profitera même pas …

Cela faisait longtemps que l'on parlait de ces tablettes dans le lycée. Censé venir renforcer le côté innovant du lycée, le « projet tablette » tel qu'il était communément appelé par les élèves était en marche depuis de nombreux mois, et après avoir croisé de nombreuses difficultés, il était sur le point de se concrétiser.

- Tu sais, répondit Amandine qui avait été réquisitionnée pour aligner les chaises, on devrait essayer de rester optimistes. Il est simplement disparu. Pas mort.
- C'est vrai. Mais j'ai comme un mauvais pressentiment.

Le vent, particulièrement fort en cette saison, fit grincer le self et ses poutres de métal. Faye murmura :

- Un très très mauvais pressentiment ...


Le fameux jour des vingt-cinq ans fini par arriver

Le but était de marquer l’événement. Parce que si des tablettes arrivaient à disposition des élèves ce n'était pas pour rien. La principale visée du projet était de les aider à améliorer leurs compétences pour maîtriser plus vite leur pouvoir ainsi qu'accéder à plusieurs outils rapidement. Amandine, Faye et Kalian s'étaient réjouies des logiciels que proposaient les nouvelles tablettes. Du moins seulement par le bouche à oreille lycéen car les bijoux de technologie en question ne devaient pas être remis avant deux bonnes semaines.

- Mais, ils les remettent ce soir ? Demandait la jeune fille rose, la mine boudeuse.
- Seulement symboliquement, lui expliquait Élina. Une grande organisation viendra faire une remise symbolique ce soir, on promet une soirée grandiose !
- Je comprends maintenant pourquoi on m'avait fait négocier tant de fois auprès de ces entreprises technologiques.
- C'est fort possible, renchérit Kalian. D'ailleurs, tu comptes rester ce soir ?
- Non, je ne peux pas, ils passent un reportage sur les pingouins menacés d’Islande et je ne peux pas rater ça !
- Je parie qu'Eileen veut le voir avec toi.
- Comment tu as deviné ? S'étonna l'autre.
- Simple intuition...

La journée avait continué dans la bonne humeur, car c'était la fin de la semaine et que les fortes tensions ressenties dans le groupe ces derniers temps s'estompaient lorsque le repos hebdomadaire arrivait. Néanmoins, si les membres du groupe avaient le sourire, leurs cœurs eux, n'étaient pas si clairs que ça. Les noms des nombreuses disparitions résonnaient dans leur tête et maintenant, le groupe était convaincu qu'une personne (du moins, un groupe) était à l'origine de tout ça. Mais qui ? Et surtout, pourquoi ?

Le dernier cours arriva, Corentin se joignit au petit groupe, visiblement épuisé par sa journée.

- Salut tout le monde.

Les autres répondirent en écho.

- Vous avez entendu pour ce soir ? Apparemment, ils font une grande fête dans le self !
- Je crois qu'on sera au courant. Bailla Étienne qui avait retenu le nombre exact de déclarations de ce genre dans la journée.
- Mais attendez, c'est pas tout !
- Quoi ? demanda Aria qui leva les yeux de ses croquis qu'elle aimait tant faire entre deux cours de lévitation.
- Je suis passé devant le self et ils étaient en train de préparer un immense gâteau au chocolat !
- CHOCOLAT ! hurla Eileen à l'autre bout de la cafétéria alors que Faye tentait de lui expliquer "l'importance des variations annuelles en pourcentages du taux de natalité des macareux de Papouasie".
- Je te jure, il était immense Eileen ! Presque aussi superbe que moi !
- Évidemment ... Déclara Kalian un brin amusée.

La jeune fille bariolée se tourna alors vers son amie rosâtre :

- Je vais peut-être y aller au final, je suis désolée Faye ...
- Pas grave, les pingouins vaincrons !
- Et je devine que tu sera à leur commande ! s'exclama Élina
- Exactement ! Tu crois quoi ?

Personne ne savait s'il fallait lever les yeux au ciel ou en rire. Après tout, que fallait-il prendre au sérieux maintenant que l'on craignait de se faire enlever au détour d'un couloir ?

La cafétéria se vida peu à peu et les élèves vaquèrent à leurs occupations. De leur coté, Aria, Eileen et Élina avaient assisté au début de la conférence des 25 ans. Les rumeurs s'étaient avérés vraies : Il y eu d'abord la distribution symbolique avec de très exceptionnelles photos, des sourires plus ou moins commerciaux, des longs discours, un gâteau digne des plus beaux rêves d'Eileen et de la musique pour lier le tout en rassemblement bien ficelé.
C'est épuisé que les élèves retournèrent tardivement dans leurs lits pour sombrer dans un sommeil profond et, pour certains, bien instable.



Elle entra dans son vestiaire. Cette fois, c'en était trop. D'abord Arthur puis Lucas et ensuite Ambre. Il fallait absolument faire quelque chose d'autant plus que Faye se doutait que ça allait continuer.

Le seul moyen pour sortir du lycée était de pouvoir partir en mission. Il fallait donc faire partie des meilleurs. Flattant son ego, Faye se disait qu'elle pourrait toujours utiliser ses talents de négociatrice. Il fallait donc rassembler toute la troupe et s'échapper lors d'une mission. Dit comme ça, cela pouvait sembler simple mais il fallait s'arranger pour que chaque élève ai le niveau suffisant pour partir. Il leur faudrait aussi du courage. Mais sur ce coup-là, un petit coup de négociation et tout irai bien.

Faye se chargerai de rassembler les deuxième année. Il ne manquait plus que quelqu'un pour réunir les plus jeunes. Elle sortit dans le couloir où, justement, Corentin passait, apparemment un peu perdu. Le protagoniste idéal.

L'attrapant par le col de la chemise, elle l'attira dans son vestiaire en lui intimant de ne faire aucun bruit. Une fois la porte fermée, le combattant se mit a râler face au monde rosâtre de la jeune négociatrice.

- Saches que je n'ai pas choisi. Lui dit-elle gravement.

Constatant qu'elle n'avait pas son sens de l'humour habituel, ce dernier se fit plus sérieux avant de lui demander ce qu'il lui arrivait.

- Trop de personnes disparaissent, je supposes que tu l'as constaté.
- Oui ...

Elle s'arrêta un instant. Et si c'était lui, l'auteur de cette hécatombe ? Il fallait qu'elle en ait le cœur net. Lui saisissant les épaules, elle le fixa dans les yeux :

- Après manger, retrouve- moi devant la salle d'arts plastiques. Il faut qu'on parle. Il faut que je te parle.

Ce dernier, surpris accepta sans faire de manières. Ceci fait, Faye le mit dehors et termina sa matinée. Pendant les cours, pendant le repas, son idée lui trottait dans la tête comme une petite musique :

- Quelque chose ne vas pas ? Demanda Aria qui se débattait avec sa purée de brocolis.
- Euh ... Non ... Rien ... Je suis juste fatiguée, sourit Faye en se levant pour aller déposer son plateau.

Une fois seule dans le couloir, cette dernière se mit à courir jusque devant la salle d'art où elle attendit patiemment Corentin. Celui-ci fini par arriver, une pomme à la main.

- Tu voulais me voir ? Demanda-t-il.
- Oui, il faut que je te parle d'un sujet important.
- Eh bien, parle !
- Si tu savais ... Je t'avoue que j'ai un peu peur ... Bon. Pourrais-tu me dire si l'harmonie entre les protagonistes écliptiques de Togonie est justifiée par l'élaboration spéciale d'un manchot à trois têtes pourvu de chaussons en écailles de cabillaud, ceci de manière paradoxale prouvant l'innocence du chamois grec ?

L'interlocuteur semblait se renfrogner :

- Tu me crois vraiment capable de choses pareilles ? Franchement tu me déçois. Je suis innocent ! D'ailleurs, je n'aurais aucune raison de faire cela ! Je suis le meilleur de toute façon !
- L'énergie synergique de l'égocentrisme prononcé au fin fond de l'entonnoir sacré, me poussais à vouloir un déluge torrentiel au delà des terres afghanes.
- Je ne suis pas du genre a tuer mes amis, grogna le guerrier, cette fois complètement vexé.

Faye s'excusa. Maintenant, elle était certaine de sa non-culpabilité. Elle lui expliqua ce qu'elle pensait de la situation : disparitions ... meurtres ... Et surtout, un coupable.

- Comment tu peux être sûre qu'il fait partit de notre groupe d'amis ?!
- Cette personne connaît beaucoup de choses sur nous. Elle a éliminé les premiers de manière précise, sans que personne ne puisse se douter de quoi que ce soit.
- Oui, mais qui ça pourrait être dans ce cas ?
- Je ne sais pas, je préfère ne pas le savoir d'ailleurs. Il faut qu'on arrive a s'enfuir avant que cela nous tombe dessus.
- Et pourquoi on ne trouve pas le coupable d'abord avant de lui taper dessus ?
- Et s'il te trouve avant et qu'il te pourrit ton honneur en te faisant mourir comme un piètre guerrier ? Les gens ne vanterons ni ton courage, ni ton héroïsme.

Corentin entra en réflexion avec lui même :

- Je marche.
- Super, voilà le plan. Tu vas tenter de rassembler un maximum de personnes en première année et les booster au niveau travail pour qu'ils obtiennent un poste dans une grosse mission. Je ferais de même du coté des secondes années. Ceci fait, nous nous échapperons judicieusement pendant cette mission.
- Il faudra faire attention à ne pas enrôler le coupable en même temps...
- J'y ai pensé. Conclut Faye en lui tendant des notes dans un petit carnet.
- Encore en rose ?
- Ne râle pas, j'ai demandé aux clous stylisés punk mais ils n'ont pas voulu. Et puis c'est assortit à la couleur de tes cheveux.
- Ah. Dans ce cas....


Allumant discrètement sa lampe de chevet, Élina consulta les dernières informations qu'elle avait eue sur ces fameuses disparitions. Au final, elle n'en avait pas conclut grand chose si ce n'est que, pour elle, et elle n'osait pas l'avouer aux autres, ces disparitions étaient plus que douteuses. Pour Élina, certaines étaient préméditées et si l'auteur laissait la paranoïa l'envahir, on pouvait avoir affaire à des meurtres.

Ces idées noires l'arrachèrent à son sommeil et malgré les verres d'eau et la musique relaxante dans les oreilles, elle se résolut à sortir de sa chambre. En temps normal, les élèves n'en avaient pas le droit, bien sûr. Mais le pouvoir d'infiltration de la jeune fille lui permettait quelques petites escapades nocturnes, les soirs d'insomnie.

Cette nuit-là, ce fut la bibliothèque qu'elle choisit. Pour son ambiance feutrée et ses pages de mystères. Cela la rassurerait peut être de penser que cela n'était le fruit que d'une imagination un peu trop débordante. Dérobant la clé dans la loge qui n'était pas fermée, Élina se glissa dans l'ombre, jusqu’à l'endroit cible.

Une fois ses petits pieds sur la moquette de la bibliothèque, elle se demanda longuement où elle irait noyer ses idées sombres. Elle commença par choisir l'étagère des romans mais finit par se convaincre qu'une fiction, un policier ou un fantastique à une heure pareille n'était peut être pas une si bonne idée. Elle alla alors à l'autre bout de la pièce, passant devant les revues qui apportaient chaque mois, chaque semaine, des nouvelles des quatre coins du monde et des documentaires en touts genres. L'idée d'utiliser un ordinateur la tenta. Mais elle finit par se dire que si le lycée découvrait sa connexion, elle risquait de se faire disputer. Élina regarda autour d'elle et une reliure d'un vieux livre d"histoire aux lettres dorées attira son attention, tant il avait l'air précieux à la lumière de la lune.
Se laissant quelques minutes d'évasion, elle s'autorisa à l'ouvrir lorsque qu'elle s'aperçut qu'elle venait de faire tomber un post-it apparemment vieux de plusieurs années. « Faut-il s'en occuper ? » songea-t-elle. « Après tout, j'ai bien le temps, il est trois heures du matin et je n'arriverais sûrement pas à me rendormir... »

Le papier indiquait un ordinateur, le poste 7. Elle cru d'abord à une simple indication oubliée lorsqu'elle vit, inscrit en gravures de crayon sans mine un "Randy was here" semblables à ceux qu'elle avait découvert partout dans le lycée. Amusée par ce jeu de piste romanesque, elle décida d'aller jusqu'à l'ordinateur. Ce dernier ne fonctionnait pas. Mais il lui sembla voir une petite clé argentée déposée sous l'unité centrale.

Que pouvait-elle ouvrir ?

Élina se persuada qu'elle venait de tomber sur une piste de non-sens. Puis, elle décida quand même de revenir sur ce livre d'histoire. Elle le feuilleta un long moment lorsqu'elle découvrit que le livre possédait non seulement des renseignements sur les révolutions en URSS et les régimes totalitaires, mais aussi un étrange double fond, comme une cachette. Impatiente et peu prudente sur le coup, elle l'ouvrit avec hâte, découvrant un petit journal vieilli, muni d'un cadenas bidon qui nécessitait quand même son ouverture pour ne pas abîmer l'ouvrage. Elle utilisa la clé par acquis de conscience et écarquilla de grand yeux luisants lorsque ce dernier s'ouvrit. Le feuilletant, Élina découvrit alors que Randy était un ancien élève de lycée à qui il était arrivé d'étranges choses ...

Mais il fallait à présent s'en aller et revoir ça de plus près plus tard. Élina rangea le livre d'histoire, et se contenta de garder la clé et le journal. C'était son trésor de la nuit. Elle avait enfin pu se rendre utile en découvrant quelque chose d'inédit.

Le sourire au lèvres, quelque peu inconsciente de ce que valait ces informations sur Randy, la jeune fille regagna sa chambre et mit sous la couette, serrant contre elle, cet étrange trésor d'une nuit.

*

Kalian se tenait devant la vitre, face à Aria, les traits crispés par la colère. La jeune fille aux vêtements de poupée, quant à elle, affichait un visage inexpressif, un léger sourire sur les lèvres. Depuis la vitre du couloir d'en face, Corentin voyait tout de la scène bien qu'il ne puisse entendre la discussion de ses deux camarades. "Une dispute, maintenant ?" pensa t-il. "Entre elles deux, manquait plus que ça..." Le ton semblait monter, Kalian, le regard empli de rage, commença à s'avancer vers Aria, dégaina son arme et commença à tirer sur son amie, qui elle, reculait machinalement, déviant chaque balle, l'expression toujours aussi calme. Corentin n'en croyait pas ses yeux. Il aurait voulu croire à un simple entraînement. Mais tout semblait prouver le contraire. Kalian semblait crier, et tirait de plus en plus, rythmant le silence par des détonations successives. Non, vraiment, ça ne pouvait pas être anodin.

Elles allaient s'entretuer. Corentin dévala les escaliers à toute vitesse, et se rua sur son épée. Mais lorsqu'il remonta, haletant, il constata avec horreur qu'Aria ne pouvait plus reculer, prise dans une impasse. Profitant de l'occasion, Kalian lui tira dans le genou. La jeune fille flancha, et, malgré qu'elle l'ait mise à terre, Kalian tira une dernière fois. La vitre se teinta d'écarlate, et le petit corps d'Aria s'affaissa lentement. Il ne restait qu'une longue trace rouge. Corentin retint un cri et fonça sur Kalian. "ESPÈCE D'ORDURE ! TU VAS LE PAYER ! Le son du métal s'enfonçant dans la chair retentit pour seul bruit.


Dernière édition par Petit Geek en Sucre le Mer 22 Mai - 18:58, édité 1 fois
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Chapitre 6 complet, lissé, corrigé Empty
MessageSujet: Re: Chapitre 6 complet, lissé, corrigé   Chapitre 6 complet, lissé, corrigé EmptyMer 22 Mai - 18:42

J'ajoute au passage le 5, même s'il est déjà sur le blog :

Partie 1 (Corentin)

Les vacances de Noël passèrent assez vite, suffisamment pour qu'aucun événement notable ne vienne perturber la tranquillité du petit lycée. Un gros repas fut organisé pour Noël, partagé par tout le monde dans la bonne humeur générale. Les premiers jours, les élèves restaient sur leur garde, comme s’ils refusaient de croire à ce répit qui leur tombait dessus. Puis, comme les jours passaient et qu’aucune autre mauvaise nouvelle ou disparition ne leur parvenait, tout le monde finit par mettre ses sombres hypothèses entre parenthèses pour profiter pleinement des vacances.
Puis arriva la nouvelle année, et ses nombreuses galettes des rois, bien assez pour qu’ils soient tous sacrés rois ou reines plus d’une fois.
Après que tout le monde ait profité au-delà du raisonnable de ses cadeaux, des gâteaux et autres confiseries qui firent prendre quelques kilos à de nombreuses personnes, la réalité revint vers eux bien plus vite qu’ils ne l’auraient voulu, et prit la forme d’une rumeur hélas un peu trop réelle...

***

- Tu as entendu ?
- Non quoi ?
- Elle a disparu.
- Qui ?
- Ginger.
- Cette fille colorée là.
- Celle qui lançait des lasers ?
Les rumeurs couraient, encore et encore, enflant de plus en plus. Tout le monde était au courant. Ginger, une fille de deuxième année aux pouvoirs et à l’apparence improbable mais néanmoins de très bonne compagnie s’était volatilisée du jour au lendemain.
- Ne me dite pas que ça recommence… Soupira Faye, face contre table.
- Si ça continue l’extérieur va forcement se rendre compte de quelque chose ! Proposa Corentin. Les parents ne peuvent pas rester sans nouvelle !
- Ca m’étonnerait fortement. Fit une voix derrière eux.
Fermant son livre, Kalian tira une chaise pour s’assoir à son tour à la table.
- Réfléchis une seconde, elle n’est pas encore morte, le lycée ne va pas la déclarer tout de suite. Ils attendront le délai légal et inventeront une histoire. Moi c’est ce que je ferais en tout cas.
- Mais t’es horrible ! Murmura Marianne, choquée.
- Tu as une meilleure option ? Répondit froidement la sniper. S’ils déclarent plusieurs disparitions, le lycée va perdre toute crédibilité. Annoncer une catastrophe comme une explosion de gaz, qui permettra de ne pas rendre les corps, leur permet de prendre beaucoup moins de risques.
- Moi j’aime bien les chaussettes de Ginger ! Déclara soudainement Eileen.
L’attention collective se tourna vers elle quelques secondes et elle en profita pour ajouter.
- Vous savez, elle peut faire plein de choses avec ses chaussettes ! Et ses bracelets aussi sont super !
- Hein ?
- Ba oui, Ginger ! Ah la la… Bon, moi je vais cueillir des myrtilles dans le CRD. Tu viens Ginger ?
Temps de blocage, Kalian la rattrapa et la força à se retourner avant de lui poser une main sur la tête pour la tenir à distance et éviter un câlin intempestif.
- Tu as vu Ginger ?!
Bien sur, tout le monde la connait. Elle est revenue après être montée dans l’ascenseur.
La réaction fut unanime.
-L’ascenseur ? Encore !
-Et l’ascenseur, il indiquait quel étage, demanda Kalian aussitôt.
-Moins trois, répondit Eileen avec légèreté.
-Tu débloques, la rabroua Corentin. Le lycée a pas de sous-sol.
-J’ai vu Ginger, répéta Eileen sur le même ton.
- Mais là, là ! Là elle est avec toi ? cria presque Kalian en la secouant par les épaules.
- Mais oui !
- Et Thomas ?!
Eileen pâlit d’un seul coup avant de reculer en secouant la tête, blanche comme un linge, cependant, Kalian la retint fermement.
- Non !
- Eileen ! S’il te plait !
- Mais il me fait peur ! Tu n’as jamais lu l’histoire du vilain monsieur qui tue toutes ses femmes ?
- C’est pas une question de barbe bleue Eileen, c’est important !
- Mais il est méchant ! Gémit-elle
- S’il te plait !
- Alors fait moi un câlin !
Kalian serra les dents. Elle n’avait pas réellement de problème avec les câlins, elle trouvait juste que c’était parfaitement inutile. Cependant, il y avait des situations faisant que…
Sautant au cou de la sniper, la jeune colorée la serra du plus fort qu’elle put, alors que son amie soupirait de lassitude. Lorsqu’elle consentit à la lâcher, Eileen lui offrit un grand sourire innocent avant de reprendre.
- Je vais essayer ! Mais je ne te promets rien, parce qu’il fait vraiment peur… Qu’est ce que tu veux savoir ?
- Qui l’a tué.
Le petit groupe eu un léger blocage en entendant les mots de Kalian. Faye posa sa main sur son épaule.
- Kali… Il a été tué par l’un des terroristes, murmura Faye. C’est pas…
- Il aurait du voir la personne qui lui a tiré dessus ! Le seul poste de tir possible était pile devant lui !
Eileen s’éclipsa sans bruit alors que les deux jeunes filles commençaient à se disputer. Marianne et Lucas intervinrent, tentant de temporiser leurs éclats.
- Vous disputez pas, de toute façon Eileen nous le dira ! Essaya la première année.
- Oui voila, et puis on sait que sa mort vous pèse parce que vous étiez surplace, mais c’est pas une raison de vous enguirlander ! Plus vous faites ça pire ça va être !
Kalian se contenta de grogner et de détourner la tête d’un geste sec. Faye soupira de lassitude avant de reprendre, un sourire aux lèvres.
- Ouais ! Vous avez raison ! Sans rancune Kalian ?
- Hm… Grogna cette dernière.
- Oh fait pas cette tête Kalinou !
- Comment tu m’as appelé ?!
Lucas éclata bruyamment de rire en entendant le surnom pour le moins ridicule que venait de donner Faye à son amie. Cette dernière se vit attaquer par une négociatrice en mal d’affection qui tenta vainement de reproduire ce qu’Eileen avait miraculeusement réussi à faire.
- Allez rien qu’un !
- Lâche-moi !
- Juste une fois !
- Non !
- Allleeeeeeeez !
- VA CREVER !
- Si tu ne le fais pas, les pingouins ribosomiaux vont tenter une percé tactique à la Blitzkrieg dans ton salon de manière parallélépipédique sous couvert de caleçon à cœur orange.
- Bon d’acc… NON ! Se reprit brusquement la sniper et la repoussant d’un coup de coude. Je suis une femme ! Je peux résister à ton pouvoir !
- Ah tu crois ça ? Déclara Faye d’un ton mielleux. Alors essayer de résister à ça ! Dans le conteste d’une ochlocratie pandimentionnelle, un procédé gnomique pourrait te contraindre à exécuter des directives chocolatées au bec bezen un dimanche de pleine lune en la compagnie des alpagas décharné lors d’un mois impaire dans la constellation de Betelgeuse suivant un angle cosinus avec les orange du Cameron !
- D’acc…
Un cri perçant figea les deux belligérantes et Eileen revint en courant, les yeux plein de larme pour sauter dans les bras de Faye. Tremblant de tout son corps et parlant avec autant d’intelligibilité que si elle n’avait pas de réseau, il fallut un bon quart d’heure au quatuor pour la calmer. Finalement, elle laissa échapper.
- Il… Il a dit… u’il… do… dormait…
- Il dormait ?! S’étonna Marianne.
- Comment il a pus dormir ? Je sais que c’était tard le soir, mais le lycée donne pas des vitamines pour ce genre de mission au cas où ? Demanda Lucas.
- S…si… il… il c’est… en…ormi… j…juste ap…p…rès !
- Quoi ?! S’exclama Kalian. C’est impossible ! J’avais les même !
- Faut croire que lui non… Constata Faye en secouant la tête sans quitter Eileen des yeux.
La jeune fille semblait inconsolable et, autour d’elle les quatre adolescents se retrouvaient bien mal à l’aise. Il était impossible que Thomas se soit trompé dans les cachets puisque les élèves n’avaient pas accès à la réserve de médicament. Bien sur, le lycée avait pu se tromper, également. Mais cette « erreur » était-elle bien volontaire ? Le cas échéant, cela voulait dire que l’un des préparateurs de la mission avant volontairement remis de mauvais cachets à Thomas, ou au moins qu’un élève avait pu avoir accès à la réserve de médicament. Quoi qu’il en soit, la situation ne présageais rien de bon.
- Ils vont tous nous tuer… résuma Faye.

***

C'est donc sur une atmosphère un peu tendue que débuta au lycée la « semaine bilan ». Cette semaine servait aux professeurs pour évaluer les élèves et décider de leur passage au cercle suivant. C'est également durant cette période qu'étaient présentés aux élèves les différents débouchés qu'offrait le lycée.
La semaine commençait par un rapport que les premières années devaient présenter aux professeurs. Cette présentation était en fait un prétexte pour estimer les compétences des élèves. Au CRD, on voyait beaucoup d'élèves travaillant leurs exposés.
Au milieux d’eux, Marianne n’arrivait pas à organiser quelque chose la satisfaisant sur sa mission en Espagne. Elle s’était très bien passée, pourtant. C'était une simple mission pour resserrer les liens entre le LP2I et un lycée à Aranjuez, à dix kilomètres de Madrid. Normalement, seul un groupe de deuxièmes années était mandaté pour s’y rendre, mais en manque de filles, des volontaires de première année suivant également les cours de SI (Sciences de l'Incompréhensible) avaient été ajoutées à la mission. Très accueillants, les lycéens Espagnols avaient grandement contribué à la réussite complète de la mission. Le rapport avait donc été rapide à rédiger mais le fait de devoir parler devant un public ( et surtout un public de professeurs dont le seul et unique but était de la juger) avait tendance à angoisser la jeune lpiienne.
Désespérée, elle frappa un grand coup son front contre le clavier, espérant se remettre les idées en place.
« Tout va bien, Marianne ? »
L'interpelée sursauta en entendant cette question et se retourna. Derrière elle, se tenait deux premières années. L'une était plutôt petite et portait un robe de lolita gothique noire. L'autre était plus grande mais Marianne avait du mal à la distinguer clairement.
« Oui, tout va très bien euh...les filles !
-Pourquoi tu te frappait la tête, alors ? demanda gentiment la plus petite des filles.
-Euh, en fait, tout à l'heure il y a l'oral et...
-Tu n'as pas fini ta présentation ?
-Si, mais je n'aime pas vraiment parler devant un public. »
Soudain, un cyclone entra dans le CRD et fonça vers les trois filles. Marianne mit deux bonnes secondes avant de reconnaître son ami Corentin.
« Marianne! L'horaire de l'oral a changé! En fait, notre classe passe dans cinq minutes en 2C13 ! cria Corentin.
-Quoi ? Mais, mais mais...
-Allez, dépêche ! »
Et Corentin attrapa la clé USB et le bras de Marianne et fonça hors du CRD. Aria et Elina se regardèrent.
« Il s'est passé quoi exactement ?
-Je ne sais pas... »
Machinalement, elles prirent le chemin de la cafet’ où Faye, Kalian, Lucas, Arthur et Étienne se trouvaient déjà.
« Vous n'êtes pas en cours ? demanda Elina.
-Non, les profs sont en train de faire passer les oraux, répondit Étienne.
-On a vu Marianne au CRD, Corentin l'a kidnappée parce que l'horaire de leur oral a été déplacé.
-Ça, ça arrive souvent pendant la semaine bilan, soupira Kalian.
- Tu veux parler des kidnappings ? demanda Aria, un étrange sourire sur le visage.
-Non, je veux parler des changements d'horaire. La semaine bilan, c'est toujours le bazar. Les profs et les élèves n'ont pas les mêmes emplois du temps, ni les mêmes infos...
-C'est vrai que ça à l'air d'être très organisé, ironisa Elina.
-C'est le LP2I, quoi, conclut Étienne. Déjà, c’est un miracle qu’on ait nos emplois du temps en poche le jour-J...
-On fait un loup-garou en attendant ? J'ai emmené un jeu ! proposa Faye. »

La journée passa lentement mais surement pour le groupe de lycéens. Ils revirent Marianne et Corentin après leurs oraux ; Les deux premières années semblaient s'en être plutôt bien sortis malgré un petit problème technique avec la clé USB de Marianne qui n'avait heureusement pas empêché celle-ci de faire sa présentation.
Aria, Ambre et Elina estimaient également s'être débrouillées pour leurs oraux et attendaient le verdict des professeurs qui tomberait après la semaine bilan. Les élèves de toutes les classes sauraient alors s'ils pouvaient passer au cercle suivant. Mais contrairement à ce que laissaient sous-entendre les professeurs, le passage de cercle signifiait que l'élève ne maitrisait pas assez ses pouvoirs et que le lycée espérait qu'une exposition plus forte aux radiations arrangerait les choses, et non que l’élève était récompensé pour ses bonnes performances.
Les autres jours passèrent pour des journées de cours à peu près normales (si on excluait les problèmes d'organisation si typique du lycée). Le jeudi, lui, était un jour un peu spécial. Les professeurs avaient organisé ce qu'ils appelaient des « ateliers d'orientation ». Les élèves avaient dû faire un choix dans les différentes activités proposées via l'ENT, l'interface numérique du lycée. Les professeurs répartissaient ensuite les élèves selon leurs vœux et le nombre de places disponibles. Ce qui faisait que certains élèves se retrouvaient dans des ateliers complètement à l'opposé de leurs capacités.
Sortant de ces fameux ateliers, Faye se dirigea vers la cafétéria. Elle avait passé des heures à écouter des anciens élèves raconter à quel point le LP2I avait été la meilleure opportunité qu'ils avaient eue pour préparer leur vie future. Mis à part certains pour lesquels l’avenir semblait tout tracés -des élèves comme Corentin et ses facultés de guerrier, ou kalian et ses talents de sniper, savaient qu’ils n’auraient aucun mal à trouver un poste à la fin de leurs études. Pour d’autres, comme Ambre, Elina ou Eileen, les offres étaient déjà beaucoup plus rares...
La jeune négociatrice soupira. Elle espérait que ses futurs employeurs n'auraient pas le même goût pour les uniformes roses et les chaussures à talons aiguilles que l'administration du lycée.
« Salut les pingouins ! Lança-t-elle au groupe à moitié endormi sur une table.
-'Lut ! Fit Amandine. Tu as vu des trucs intéressants ce matin ?
-Ça allait. J'ai surtout eu des ateliers sur la négociation sous toutes ses formes: pour une entreprise, pour le gouvernement, dans une banque, dans le commerce...
-Ce n'est pas à peu près la même chose ?Demanda Lucas.
-Si, j'ai arrêté d'écouter au bout de la 3ème heure. Heureusement, il y avait François dans mon groupe. J'ai discuté avec lui, il est plutôt sympa en fait. J'ai vu aussi Ambre à un moment. Et vous vous avez fait quoi ?
-Moi, j'ai vu des ateliers sur les différents débouchés en informatique, fit Lucas.
-J'ai participé à un atelier sur le renseignement. C'était exactement le même que l'année dernière, alors j'ai dormi. Expliqua Étienne. Et je crois avoir vu Elina et Mary dans le groupe mais je ne suis pas sur. On était vraiment nombreux, il y en avait même debout dans le fond la salle. C’est un des seuls débouchés qui recrute vraiment tous les types de pouvoirs...
-Moi ils m'ont mis dans un atelier pour les musiciens, reprit Amandine. Il y avait Eileen, Aria et Marianne même si leurs dons n'ont absolument rien à voir avec la musique. D'ailleurs je crois que c'était l'atelier bouche-trou de l'année. Seulement trois élèves sur quinze faisaient de la musique dans cette classe, c'était vraiment n'importe quoi !
-Moi, je suis allée dans un atelier sur les métiers de l'armée et sur celui de garde du corps. Ajouta Kalian. Il y avait Corentin et...Arthur.
-Arthur ?! Mais qu'est-ce qu'il faisait là ? Demanda Lucas. Je l'imagine mal dans l'armée et encore moins à protéger quelqu'un.
-Il a donné sa liste de vœux trop tard alors ils l'ont envoyé dans des ateliers complètement aléatoires.
Il y eut un silence que Faye finit par rompre.
-Vous savez quoi, mes pingouins, soupira-t-elle en se levant. Je ne sais pas ce qu’on va devenir en sortant du lycée, mais ce que je sais, c’est que Mlle Reyn m’attend en bas pour préparer la cérémonie de passage de cercle de la semaine prochaine, et que si je n’y suis pas dans cinq minutes, je suis de corvée de lessive d’uniforme rose pour les trois prochains mois, et que ça n’a rien de drôle... je suis donc au grand regret de vous abandonner...
Elle fit quelque pas en direction du couloir, puis Amandine la héla :
-Dit, tu nous laisses le loup-garou ?
-Avec joie, répondit Faye en sortant le jeu de son sac.
Elle murmura pour elle même.
-D’ailleurs, il serait temps qu’on démasque le loup qui s’amuse à tous nous tuer un à un avant de perdre la partie...

La cérémonie de passage de cercle approchait à grands pas. Dans l'agitation naissante des couloirs, Faye déambulait de droite à gauche, tantôt une pile de dossiers dans les bras, tantôt portant péniblement des poches remplies d'objets en tout genre. Aria, qui passait par là, heurta de plein fouet la jeune fille en tailleur rose. La pile de feuilles s'éparpilla sur le sol, ainsi que le contenu des trieurs d'Aria. La fautive balbutia :
-Ah! Euh... excuse-moi ! je me rendais au bureau de l'administration, on m'a demandé mon aide.
-Mmh, toi aussi ? Allons-y ensemble dans ce cas. Tu as l'air de peiner à porter tout ça, en plus.
-Je vais t'aider à ramasser !
La chose faite, les deux jeunes filles déposèrent le tout au bureau, quand, sur le chemin du retour, elles croisèrent Ambre qui marchait, l'air pensif.
-Hé Ambre ! Qu'est-ce que tu fais ici, toute seule ? Demanda Aria.
-Je profite du spectacle. C'est intéressant de voir tout le monde s'agiter comme des fourmis autour de leur reine, dès qu'un évènement un peu particulier est annoncé. répondit l'intéressée sans broncher.
Aria prit un air énigmatique, avant de lancer :
-Est-ce que par hasard, tu aurais vu Elina ? Je ne l'ai pas vue depuis maintenant une demi-heure.
-Non, pas du tout. Elle n'est pas avec toi, comme d'habitude ?
Un appel au micro interrompit la conversation :
"Votre attention s'il vous plaît. Tous les élèves sont appelés au réfectoire pour une réunion d'explication sur le passage de cercle. Aucune absence ne sera tolérée."

***

Dans le réfectoire bondé, les trois amies dénichèrent des chaises libres, non sans difficulté.
Aidée par la foule, la température montait en flèche, et ce malgré le froid cinglant du mois de janvier.
-Mais pourquoi nous avoir tous entassés ici ? pesta Ambre, qui haïssais la foule autant qu’un bonhomme de neige un safari dans le désert.
-Je dirai que les émeus désoxyribo-nucléiquement constitués à base de iodure citrique de dauphins voulaient exercer avec nous une interaction vocalement nuisible à notre bien-être, répondit Faye en agitant sa main en guise d'éventail.

La foule d'élèves entassés écoutait, le regard vide, le discours de l'un des professeurs. Faye ne put déterminer de qui il s'agissait, car l'amas d'adolescents faisait obstacle à son champ de vision.
Après un discours interminable sur les conditions de passage et autres subtilités aussi compréhensibles qu'ennuyeuses, tous les élèves purent quitter le réfectoire et respirer un peu.
Le repos fut de courte durée, car à peine Faye eut-elle bu une gorgée à la fontaine de la cafétéria, bien décidée à rejoindre la partie de loup-garou en cours, qu'un nouvel appel retentissait dans les haut-parleurs :
"Tous les élèves ayant déjà participé à l'organisation de la cérémonie de quelque façon que ce soit sont sollicités pour participer à la réunion bilan mi-parcours. Les élèves non-présents seront considérés comme non-aptes au passage de cercle."
Faye, trainant des talons, se rendit à la salle indiquée, suivie par Aria qui chantonnait d'un air guilleret. Les tables de la 0N05 avaient été disposées en cercle. Faye et Aria s'assirent parmi les autres intéressés. Tout l'assemblée somnolait. En effet, dans cette salle, la chaleur était encore plus insupportable. Aria se retourna et toucha le tuyau du radiateur. le constat fut rapide : il était brûlant. Après une nouvelle heure et demi de discours rabaché, Faye poussa la porte, défigurée par la chaleur. Sans se faire prier, elle se rua sur une chaise de la cafétéria :
-Enfin... C'était horrible...
-Tu veux boire ? s'inquiéta Aria
-Ne t'inquiète pas. Mais comment fais tu pour tenir par cette chaleur, avec toutes ces couches de volants sur ta robe .
-Hein ?
Aria était sans nul doute la plus épuisée des deux, et n'avait visiblement rien compris. Les deux jeunes filles en restèrent là à demi-mortes sur les chaises.
Un nouvel appel au micro retentit. Faye ne prit pas la peine d'écouter et s'écria :
-Mais ils veulent ma mort ! ...Perpendiculaire !
Aria lança un regard interrogateur à la jeune fille en tailleur rose.
-C'est la première insulte qui m'est venue en tête ! se justifia-t-elle. Je ne retournerai pas là dedans !

"...les élèves absents seront sanctionnés."

La panique s'empara de Faye. Elle n'avait absolument aucune idée de la salle où elle devait se rendre, ni pour quelle réunion. Se précipitant au rez-de-chaussée, elle se tourna alors vers sa voisine, le regard suppliant :

-Pitié, par l'ornithorynque bleu-citron du grand théorème du carré symétriquement opposé à la gravité de la pomme de terre, dis moi que tu as écouté...
-C'est la salle 2W05.
-Oh non, en plus, c'est au deuxième étage... Je vais devoir monter tous ces escaliers...

Faye laissa son amie en entreprit péniblement la montée des marches. La journée n'était pas encore finie ...
Heureusement pour elle, son calvaire prit bientôt fin, avec une soirée des plus réussies. Tout s’était déroulé à la perfection, et plusieurs professeurs étaient venus la remercier et la féliciter, ce qui faisait toujours du bien à la partie la moins modeste de son égo. Première à monter en grade, Kalian passait cercle cinq, devenant une des élèves le plus haut placées du lycée, derrière Faye et Amandine et leur cercle six. Corentin était promu cercle trois, et gagnait du même coup un équipement et des armes beaucoup plus efficaces, qui d’après un savant calcul allaient permettre de doubler, voire même tripler sa rentabilité.
Eileen grimpait d’un cercle également. C’était un pari que faisaient les professeurs, puisqu’en augmentant son pouvoirs, ils prenaient le risque de définitivement perdre sa santé mentale.
Beaucoup des premières années eurent également la bonne surprise de se voir monter en grade, parmi lesquels Marine, Ambre, Elina et Aria.
La soirée se clôtura par un grand repas, que le groupe d’amis choisit de partager ensemble sur une des grandes tables, n’hésitant pas à tordre les plateaux et les couverts dans tous les sens afin que tout le monde ait une place.
Cette soirée resterait sans doute pour eux un excellent souvenir, et leur permit d’oublier un peu la quantité de malheur qui leur était tombé dessus, et qui les guettait encore dans l’ombre...

***

Corentin se leva et s'approcha de son calendrier. Aujourd'hui, 14 février. C'était la St Valentin et les codes de la journée voulaient plutôt qu’il parvienne à se montrer aimable.
La journée allait être longue.
Un coup d’oeil à son emploi du temps l’informa du pire. Neuf heures de cours non-stop, avec un minuscule pause déjeuner entre son cours de tir et son rendez-vous avec Faye pour expliquer comment il avait réussi à arracher une porte simplement en essayant de l’ouvrir.
La journée allait être TRES longue.
De l'autre côté de l'internat, Amandine avalait son troisième doliprane. Elle avait cauchemardé cette nuit. Deux fois. Et elle l'avait revu. Cette ombre. Elle jeta un regard à son réveil. Elle avait rendez-vous avec son professeur responsable aujourd'hui et elle était en retard. Elle prit son téléphone et envoya un texto à Etienne pour lui demander de prévenir l’administration.
Ce dernier ne tarda pas à le faire. Il était dans la cafétéria avec Faye et Kalian. Ces deux dernières étaient en train de converser à propos d’un projet innovant qui était en train de se mettre en place au lycée. En effet, les élèves allaient bientôt recevoir des tablettes pour optimiser leur efficacité d’apprentissage et de maîtrise de leurs facultés. Ce jour-ci, un élève d’un autre lycée similaire au LP2I était venu voir comment tout cela se passait. Il avait été choisi en raison de ses compétences d’adaptation. Matthieu avait pour pouvoir d’analyser un comportement et de le reproduire à la perfection. Il pouvait se fondre dans la masse sans problème et ainsi donner un avis extérieur sur la manière dont on enseignait. C’était un ancien camarade à Faye, il c’était donc naturellement joint à la conversation. Eileen arriva en courant dans la cafétéria en lançant des confettis partout :
- Bonne St Valentin les choupy !
Les trois autres levèrent la tête :
- Ouais, salut.
- Ca va pas ? Vous voulez un câlin ?
- Ca irait mieux si tout le monde ne fêtait pas cette fête !
Et ils se replongèrent immédiatement dans leur conversation.
Aria arriva alors dans la cafétéria, elle sortait d’un cours de lévitation qui l’avait particulièrement épuisé.
- Yep’.
- Yep.
- Alors ce cours ? Demanda Faye.
- Agaçant, je crois que c’est le mot. J’ai passé trois heures a tenté de soulever des caisses en bois. On avait beau m’expliquer, je ne comprenais pas grand-chose. Tiens salut Etienne !
Ce dernier leva la main en signe de salutation avant de s’asseoir sur une grande chaise pour rejoindre la conversation. C’est alors qu’arriva Arthur qui, lui, semblait en pleine forme. Il posa ses affaires et déclara qu’il devait passer à la vie scolaire. Amandine entra à son tour.
- Oui ! c’est le défilé ! Chantonna Eileen en lançant, à nouveau, des confettis partout. Je vais pouvoir faire des câlins à tout le monde !
- Eileen ?
- Faye ?
- Pourras-tu, s’il te plait arrêter ce solipsisme pathogène pour que la jonction neuromusculaire ecclésiastique des membres nucléaires ne reste pas en tant qu’antithèse ontologique prolixe d’oxymore ?
Eileen rangea ses confettis et s’assit sagement.
- Ça va ? S’enquit la jeune fille en rose quand elle vit la mine déconfite de la rêveuse.
- Pas trop non.
- Raconte-moi tout. Sourit Eileen en ouvrant ses bras pour lui faire un câlin.
J’ai revu l’ombre dans un de mes rêves. Chuchota Amandine. Ça m’ennuie, je ne comprend pas pourquoi je la vois...
La jeune fille la serra dans ses bras pour la réconforter.
- J’ai ramené de quoi vous remonter le moral ! sourit Lucas qui venait d’arriver avec son ordinateur et un sac de nourriture.
- Cool !
Arthur arriva alors essoufflé.
- Qu’est-ce qui t’es arrivé ? Demanda Kalian.
- Eh bien ils m’ont fait courir dans tout le lycée et je suis complètement crevée. Saleté d’administration !
- Bah tiens, lulu a ramené de la grenadine. Tournée générale !
La phrase fut soldée par un « ouais » général. Kalian tendit alors un verre à Arthur qui fut à nouveau appelé à la vie scolaire. Ce dernier s’y rendit en pestant. Ce goûter remit d’aplomb tout le petit groupe. Une sonnerie retentit alors et il fallut aller en cours. Lucas fut à son tour appelé à la vie scolaire.
- Ce n’est pas possible ! Ils ont décidé de faire un congrès ou quoi !
- Vas-y ! sourit Aria. Je débarrasserai pour toi !
- Merci bien !
Les autres étant partis, Aria mit les affaires dans son sac et en sortit un carnet pour commencer à dessiner.
Au retour de Lucas, accompagné de Faye, une demi-heure plus tard, elle lui rendit ses affaires, et s'éclipsa à son tour.

Faye et Lucas se retrouvèrent donc tous deux seuls dans un cafet’ déserte et silencieuse. La vie au lycée semblait devenir plus compliquée, moins joyeuse. Les discutions ne se portaient plus que sur les disparitions mystérieuses de Mathilde, Ginger, et beaucoup d’autres encore. Le rythme avait l’air de s'accélérer. Les témoins, eux rapportaient toujours la même histoire. La victime qui montait dans l’ascenseur, puis le voyant qui indiquait «-3» alors que nul étage ne portait ce nom dans le lycée. Et les témoins se faisaient plus rares, et semblaient même être le cible privilégiée de ces meurtres.
-Ce n'est pas normal se qui se passe... Tu ne crois pas ? Déclara Lucas d'un ton inquiet.
- Oui, je suis bien d'accord c'est trop calme ici.
- L'ambiance du lycée a bien changé
- Depuis la fin de la cérémonie des passages en cercle, les profs sont bizarres... Comme s’ils étaient méfiants
- Je pense que ça remonte à bien plus longtemps si tu vois ce que je veux dire... Mais disons que les profs sont plus soucieux et ça se diffuse sur l'humeur des élèves.
- Tu penses qu'ils savent un truc?
-Je ne sais pas. Mais toutes ces disparitions, ça doit rester en travers de la gorge...
- Tient en parlant de ça, quand je suis aller en salle des prof j'ai entendu la vie sco parler de Mathilde... fit Faye en baissant d’un ton.
- Et qu'est-ce qu'ils ont dit, racontes!
Bien j'en suis pas sur mais je crois qu'ils ont retrouvé son portable dans l'ascenseur... Le lendemain de sa disparition
Ça collerait avec tous les témoignages qui parlent du moins trois...
Cet étage n’existe pas ! J’ai déjà vérifié tous les boutons de cet ascenseur ! il n’y a même pas de sous sol !
D’ailleurs, tu avais remarqué que l’ascenseur avait été changé entre l’année dernière et cette année ?
Tiens, non, c’est vrai ça... Attend, je voudrais vérifier un truc...

A ces mot Lucas se leva pour se diriger vers le deuxième étage avec sa housse d'ordinateur en main. Faye le suivit et ils arrivèrent devant une salle informatique où Lucas déballa son matériel.
- Qu'est-ce que tu fais là?
-C'est ici qu'il y a le meilleur réseau, et surtout, c’est ici que je peux le piquer aux autres pour avoir la meilleure puissance. Je vais me connecter directement sur les ordinateurs de l’administration pour jouer avec l'ascenseur!
- C'est pas un peu risqué de fouiner directement dans tout ça ?
- mais non tu sais bien qu'à cette heure là, il n’y a personne, ils sont tous en train de manger...
Il commença à taper à une vitesse fulgurante tandis que Faye s'était assise non loin de là attendant un signe.
- C'est bizarre, je n'arrive pas à trouver ce que je veux...
- Ce qui veut dire ? tenta Faye.
- Ça veut dire en clair que c'est pas le serveur de l’administration qui le contrôle mais un logiciel extérieur, installé sur l’un de ces ordinateurs...
- Ah et ça complique la chose?
- Un peu. Mais un petit geek en sucre triomphe de toutes les situations...
- Heu, Lucas tu vas bien?
- Oui pourquoi?
- Je croyais que tu haïssais ce surnom ?
Lucas ne répondit que par une légère grimace, pour ensuite continuer son travail.
Bon la source doit forcément passer pour être redirigée ici puisque c'est là que le réseau est le meilleur...
Il regarda aux alentours, avant de replonger le nez dans son écran.
J'ai j'ai... j'ai trouvé!! C'était un logiciel caché, pas vraiment compliqué à détourner comme problème ! Il se trouve... Sur l’ordi d’une salle qui s’appelle ici «PL»
Faye blêmit.
C’est mon bureau ! Je trouvais ça amusant de lui donner le nom de «pingouin lunatique». Rien qu’en le lisant, les gens ont pas envie d’entrer...
T’as trouvé ça toute seule ? rit Lucas.
Même pas ! Je sais même plus qui m’a donné l’idée... Elle doit être venue comme ça, dans un délire, et j’ai trouvé ça marrant... mais...
Oui ?
Ça ne dit pas ce que ce programme fait sur mon ordinateur, je ne m’en sert pas. Je ne savais même pas qu’il y était. Et si c’est un programme caché, comme tu l’as trouvé ?
- Comme pour les dossier cachés
- Ça m'aide, merci, renchérit une Faye blasée.
Lucas ne lui répondit même pas, celui-ci était trop concentré.
Bon, voilà je suis en train de le pirater pour en prendre le contrôle. Il s’appelle... «UME»
-Ça me dit quelque chose... Tu as les significations des lettres séparées ?
-Non, ce n’est pas indiqué. Peut-être quelque part dans le fichier, quand je l’aurais ouvert.
-Ça n’a pas d’importance.
-Ça y, est ça fonctionne. Je contrôle l’ascenseur.
-Montre !
Le programme était d’apparence simplissime, et il semblait conçu pour des élèves de maternelle. Outre les deux boutons d’ouverture et de fermeture des portes, on trouvait ceux des étages. Pratiquement aucune autre option.
-Il y a bien un «-3» déclara Lucas sur un ton sombre. Cet étage n’est donc pas une légende. Je ne sais pas comment la personne qui y envoie les gens les uns après les autres a accès à ce programme, ni ce qu’on trouve à cet étage, mais ça m’inquiète... Surtout qu’Eileen voir revenir les fantômes !
Faye resta sans voix, troublée. Lucas la tira de ses pensées.
-Je vais avoir besoin de toi maintenant.
- Ah et en quoi?
- Tu vas monter dedans. Tu ne cours aucun risque, maintenant que j’en ai le contrôle.
- Mais t'es malade !
- Alors trouve quelqu’un pour y aller à ta place. J’ai besoin de faire des tests.
Lucas fouilla dans sa housse et lui tendit deux talkie-walkie avant de prendre à nouveau la parole:
- Tiens, pour rester en contact avec ton cobaye.
- Merci et toi?
- J'en ai un, t'inquiètes dit-il en lui montrant un nouveau sortit de la housse
- Ok on fait comme ça, je te contacte quand c'est bon...
Faye descendit dans l’arc. Elle avait déjà une idée bien particulière de celle à qui elle allait s’adresser, et de fait, n’eut aucun mal de convaincre Chiara, une des amies de Mathilde, de partir à la recherche de son amie disparue.
- Merci, Chiara. Je garde le contact radio avec toi, tu peux aller devant l’ascenseur.
En arrivant devant le bloc de métal gris Faye reprit la parole :
- Tout ce que tu as faire c'est de rentrer dedans et de nous dire se que tu verras en arrivant, ok?
Elle acquiesça d'un signe de tête tandis que l'autre prit le talkie-walkie avant de prononcer un «  c'est ok ». A ce moment là la machine en métal s'ouvrit et Chiara monta à l'intérieur.
- Ne t'inquiètes pas, Lucas gère, dit-elle en lui souriant
Chiara, hésitante, laissa les portes se refermer.
- Lucas tu fais quoi maintenant ?
- Je vais la balader avant un peu pour voir si j'ai bien le contrôle... Elle va monter au quatrième, puis redescendre au deuxième. Ensuite, on verra pour le moins trois. S’il se passe quoi que ce soit, je la remonterais illico.
-Ok.
Roxane restait plantée devant l'ascenseur, attendant un message de son aventurière.
Chiara tu m'entends, C'est Lucas je vais te faire monter au 4ème puis au 2ème et après au -3 ok?
La connexion de son talkie-walkie se dégradant de plus en plus, Faye joua un peu avec le bouton, espérant faire revenir un son de meilleure qualité.
À sa grande surprise, elle entendit une autre voix se dessiner dans le haut parleur :
-Night ! frchwt... quel est l’idiot qui pirate zzzzwfhrct ... vite ! Frchhhwcht ! Faye ? Faye ?
La voix de Lucas, de nouveau.
-Ouais ?
-Tu étais sur la mauvaise fréquence. Je t’ai remise sur la bonne à distance. Tu nous entends ?
-Oui.
-Et toi, Chiara ?
-Aussi. Faites vite, je n’aime pas trop ça.
Chiara sentit que l'ascenseur se soulevait et son cœur battait de plus en plus vite. Elle laissa échapper un soupir soulagé quand elle vit que le voyant indiquait bien le quatrième étage. Il n y avait surement pas à s'inquiéter. La jeune fille avait déjà entendu quelques exploits qu'avait accomplit Lucas, elle pouvait avoir confiance en lui. Elle souffla un bon coup avant de se détendre légèrement. La machine se remit en marche doucement.
Faye quand à elle regardait défiler les étages, confiante. Pour sa plus grande surprise, la machine ne s’arrêta pas au deuxième étage, et au contraire sembla accélérer. Le bloc de métal ne s'arrêta pas à cette étage, et cessa tout simplement d’afficher l’étage. Le coeur de Faye manqua un battement. C’était toujours ce qu’il se produisait avant le voyant ne remette, en rouge «-3». Ella colla le haut-parleur sur son oreille.
Lucas, tu as changé d’avis ? Tu sais où tu l’envoies, là ?
Un silence de quelques secondes lui répondit, avant qu’elle n’entende très clairement une voix féminine :
Il s’est enfui ! je rêve !
Nouveau silence, puis la voix repris, parlant visiblement à quelqu’un :
-Plume, j’ai trouvé. Le type s’est enfui. Mais le... problème est réglé.
Une voix féminine, jeune, première année, sans doute, que Faye était certaine de connaître, sans pouvoir mettre un nom dessus.
- Lucas... Lucas ! Reprenait sans cesse Faye.
Son pouls s'accélérait, la laissant presque essoufflée à force de crier.
-Chiara... Tu m'entends, tu vois quoi? Chiara ? Chiara !
Mais aucunes réponses ne lui parvint. Le cœur de Faye se ressaierait. Elle était affolée, la jeune fille savait avoir perdu le contact avec les deux dorénavant... Comment et pourquoi? la situation lui échappait totalement, alors que quelques minutes auparavant, avec Lucas, elle avait la sensation d’en avoir le parfait contrôle. La jeune fille se ressaisit et courut vers la salle occupée par Lucas. Cette drenière était vide, et même son ordinateur avait disparu.
-Non... non! Des larmes coulèrent de ses joues avant qu’elle ne se laisse tomber à genoux
-Qu'est-ce qui se passe ici! Pourquoi? Pourquoi Lucas... pas lui !
La jeune fille se redressa difficilement, les yeux brouillés par de nombreuse larmes.
Elle ne pouvait même pas s’expliquer ce qui c'était produit. La jeune fille redescendit mollement rejoignant alors ses amis pour leurs annoncer la triste nouvelle, une de plus, et cette fois elle était la seule témoin et serait la seule à pouvoir raconter ce récit. Cette épreuve était trop dure, pourquoi toujours elle? À bout de forces elle s'assit sur une chaise de la cafet près du reste de ses amis présents.
Il y avait Mary, Elina et Ambre qui en voyant la mine déconfite de leur amie, tentèrent de la réconforter, et de savoir ce qu’il avait pu se passer. Faye ne répondit pas d'un coup mais prit un grand souffle avant de se lancer dans un long récit. Des larmes apparaissaient à petit feu sur le visage de chacune d'elles. L'histoire achevée, Mary se leva, laissant aux autres le soin de s'apitoyer sur le sort de Lucas. Elle allait prendre les choses en main, et enfin apporter à Kalian les informations qu’il lui fallait. Mary frotta ses yeux fatigués en arrivant devant la salle. Elle était fermée à clé, plus qui était plutôt étrange. bizarre Elle l'ouvrit sans la moindre difficulté et inspecta les lieux, quand sont regard se posa sur un bracelet se trouvant par terre, qui avait sans doute échappé à l’examen d’une Faye boulversée. La jeune fille s'accroupit et tendit le bras pour prendre en main l'objet. Elle le regarda dans tout les sens avant de comprendre à qui il appartenait.
- Il est à Elina... non c'est pas possible!
La jeune fille n'en croyait pas ses yeux mais la preuve l'obligeait à y penser.
- Je dois les protéger pour ne pas qu'ils finissent tous comme Lucas !
A ces mots elle renifla et une nouvelle larme fit sont apparition. Elle gronda pour elle-même
Et cette fois, je n’aurais pas besoin de Kalian pour faire payer ça à cette traîtresse...

***

Quelques jours plus tard tout le lycée était alors au courant de la disparition de deux nouveaux élèves et aucunes traces ni d'éventuels indices ne faisaient leur apparition. Étienne et Arthur parlaient de cet incident tragique :
- Tu crois que Faye s’en sortira ? La pauvre … soupira Arthur
- Je l'espère... J'ai du mal à réaliser que le lycée soit devenu comme ça
- Je pense que l'on devrait fuir...
- C'est impossible, et je pense que maintenant on peut être prit en chasse par le lycée mais aussi le meurtrier. J'ai en plus la fâcheuse impression d'être toujours suivi...
A ce moment un étrange bruit se fit entendre derrière eux, et par réflexe les deux jeunes gens se mirent à courir de toutes leurs forces. Ils s'arrêtèrent quelques minutes après, complètement essoufflés de leurs course folle. Il glissèrent contre le mur et s'affalèrent par terre au milieu d'un couloir. Arthur sortit de sa poche des carambars qu'ils proposa à son ami qui accepta.
- J'en ai besoin là, y a trop de pression
- je suis d'accord avec toi fit le frisé.
- C'est quel goût que tu préfères?
Je sais pas je les aimes tous ! Une préférence, toi ?
Je n’aime que les citrons, avoua le jeune homme en piochant dans le sac.
Tu crois qu’on a bien fait de courir, demanda Étienne en jetant des regards à droite et à gauche.
Cette histoire va nous rendre fous. À tous les coups, on va finir par avoir peur de notre ombre...
-Il y avait sans doute personne.

Pourtant, de l’autre côté de couloir, une ombre s’éloignait, un sourire aux lèvres.

***

Aussi étonnant que cela puisse l'être, la cafétéria était vide. Ou presque. Seul Étienne s'y trouvait, installé en tailleur sur une des chaises larges. Coudes sur les genoux, front posé sur ses mains liées, ses cheveux masquaient son visage. Quiconque l'aurait vu ainsi aurait pensé qu'il dormait. Mais il n'en était rien. Étienne était en train de réfléchir aux récents événements. Ces accidents, ces disparitions … quelle pouvait bien en être l'origine ? Le plus intriguant étant sans doute l'accident au cours duquel Chiara et Lucas avaient disparu …
Quoique … Lucas n'avait pas vraiment disparu. Étienne en était certain. La veille, il avait reçu un mail, codé, d'expéditeur inconnu. Le code, il l'avait immédiatement reconnu comme celui que son ami s'était un jour amusé à inventer et à lui expliquer. Il n'avait eu aucun mal à reconnaître les différents éléments du code et à le déchiffrer, grâce à la capacité de rétention qui était la sienne depuis son entrée dans le lycée. Le mail, non signé (très probablement par mesure de sécurité), indiquait que Lucas avait frôlé la mort et se trouvait actuellement quelque part dans les faux-plafonds du lycée, en espérant pouvoir compter sur Étienne pour lui apporter l'aide dont il aurait besoin. L'intéressé avait aussitôt répondu selon un processus indiqué dans le mail, en utilisant le même code. Il était désormais en attente de nouvelles.
Les autres n'étaient pas encore au courant de la survie de Lucas. Étienne ne savait pas s'il était prudent de l'annoncer à tous. Le jeune informaticien avait été menacé par une personne du lycée, quelqu'un qui semblait informé de la manœuvre qu'il tentait à ce moment. Il y avait donc fort à parier que cette personne se trouvait dans un entourage relativement proche …
Peut-être même juste à côté...

***

dans la salle d’à côté justement, Faye et Corentin, installés devant un ordinateur du CRD, naviguaient sur l’ENT. Ou, plus justement, tentaient de s'infiltrer dans les dossiers cachés de du site.

- Raaah ! Il m'énerve ce PC ! Pourquoi il nous laisse pas faire !
- Du calme Corentin, du calme ! C'est pas en s'énervant que le problème va se résoudre. De plus, si tu pouvais éviter de faire autant de bruit, je te rappelle que ce que nous sommes en train de faire n'est pas ce qu'il y a de plus légal …
- C'est vrai, mais quand même ! Quand on voit Lucas, on jurerait que c'est facile. Et en plus, ça rame pas avec lui !
- Oui, mais … Lucas n'est plus là … répondit Faye, qui se tenait toujours pour responsable de la disparition de leur ami.

Ils se turent tout les deux. L’un autant que l’autre auraient voulu croire à sa survie, mais les chances paraissaient nulles.
La page acheva alors son chargement, et le résultat fit lentement virer Corentin au rouge. Dans un accès de colère, le guerrier voulu enfoncer son poing dans l'écran de l'ordinateur, qui affichait pour la énième fois le message d’erreur « Access Unauthorized ». Faye parvint tout juste à dévier le coup de son ami.

- C'est bon, inutile de s'énerver contre l'ordinateur … bredouilla-t-elle. On va réessayer.

*

- Hum …

Ça n'allait pas. Faye et Corentin n'arriveraient à rien comme ça. Il fallait les aider. Mais … Il hésita. Aider ses amis, c'était peut-être avancer dans l'enquête, mais c'était surtout prendre le risque de se faire repérer et de se faire tuer. D'autant plus qu'il ne savait pas qui en avait après lui en ce moment même. Cela valait-il vraiment le coup ? Il hésita. Mais un événement inattendu le décida : une alerte venait de s'afficher sur l'écran de l'ordinateur qui lui faisait face. Ses amis étaient pistés. Aussitôt, il porta ses mains à son clavier.

*

Faye sursauta.

- Corentin … regarde !

Le jeune guerrier releva la tête vers l'écran. Soudainement, les pages s'étaient mises à défiler à une vitesse déconcertante. Les fenêtres se multipliaient tandis que des lignes de codes défilaient par centaines dans une fenêtre noire.

- Que … Qu'est-ce qui se passe ? questionna Corentin, stupéfait.
- Euh … Joker !

Les deux amis regardaient l'écran, assistant sans comprendre le spectacle qui s'offrait à eux. Quelques dizaines de secondes passèrent. Finalement, le tumulte de l'écran se calma. Il ne restait qu'une seule fenêtre, demandant la saisie d'un mot de passe.

*

Satisfait, il se redressa. Il faudrait encore quelques secondes à son programme pour trouver le mot de passe. Jetant un rapide coup d’œil sur son système de surveillance, il vit que sa présence n'avait pas encore été détectée par qui que ce soit sur le réseau. En revanche … Le pisteur repéré précédemment progressait. Il aurait repéré et identifié l'ordinateur et la session qui l’utilisait, celle de Corentin, d'ici peu.
Il hésita … Intervenir pour gêner l'adversaire signifiait indiquer sa présence, et donc prendre un risque supplémentaire. Mais il avait déjà pris des risques. Et laisser cet individu découvrir ses amis sous-entendait fortement leur mort, et réduirait à néant les risques qu'il avait déjà pris. Aussi se décida-t-il vite.
Il installa quelques firewall comme protection pour l'ordinateur ciblé, et déconnecta son adversaire du réseau. Celui-ci se reconnecta aussitôt. Il retenta l'opération. Celle-ci échoua, comme il s'y attendait. Peu importe, c'était déjà du temps de gagné. L'opposant devait recommencer toute sa manipulation, et les firewall, bien qu'éphémères face à un tel adversaire, allaient permettre de gagner quelques précieuses secondes.
Il retourna sur le programme qui cherchait le mot de passe. Celui-ci avait fini sa recherche, et le mot de passe s'affichait désormais en vert au milieu de la fenêtre.

Lucas, surpris, ouvrit des yeux rond devant ce que son programme venait de trouver.
Le mot de passe d’accès aux fichiers cachés du réseaux, ceux auxquels même les élèves les plus haut placé de l’administration n’avaient pas accès...
Le programme était pourtant formel.
Et le mot de passe n’était autre que «pingouin».

*

- Euh … Tu connais le mot de passe ? demanda Corentin, brisant la stupéfaction ambiante.
- Non, j'en ai aucune idée, répondit Faye. Ça m'étonnerais que ce soit un des mots de passe basiques utilisés un peu partout sur l'ENT. et c’est jamais à moi qu’on fait part de ce genre de choses...

Le champ de saisie se remplit alors par lui-même, affichant à la place des lettres les traditionnelles petites étoiles. À l'image des opérations qui avaient précédé l'apparition de la page, un bruit de confirmation retentit et plusieurs fenêtres révélant ce qui ressemblait à des dossiers confidentiels apparurent à l'écran, avant de devenir autant de fenêtres de téléchargement.

Huit caractères. Ça te dit vraiment rien, Faye ?
Non. Jamais eu accès à cette partie là du site....

*

Il ne lui restait maintenant plus qu'à extraire tous ces dossiers du réseau. Le téléchargement était amorcé, et les fichiers seraient bientôt sur la clé de Faye, connectée au PC. Cependant, ce n'était pas encore fini. Le pisteur progressait, et s'il ne se dépêchait pas, ses amis seraient bientôt découvert. Et lui aussi par la même occasion. En effet, l'adversaire avait également entamé l'identification de son ordinateur. Il concentra les débits de téléchargement vers l'ordinateur de ses amis. Il ne restait plus que quelques secondes …

*

- C'est ce qu'on cherchait ? demanda le guerrier
- Je crois bien, oui. Dis, t'as déjà vu un téléchargement aussi rapide sur le réseau du lycée ?
- Non, jamais.

*

Il arracha le câble réseau relié à son ordinateur. C'était fini. Dès lors que le téléchargement avait pris fin, il avait déconnecté le PC de ses amis du réseau, les mettant en sécurité, avant de lui-même se déconnecter. Il lâcha un grand soupir de soulagement, le sourire au lèvres. Le premier depuis plusieurs jours. Il avait réussi. Et il était certain d'avoir fait le bon choix.
Il commença à ranger ses affaires. Bien qu'il ait réussi son opération, il n'était pas tout à fait certain d'avoir pu masquer sa position jusqu'au bout. Par sécurité, il fallait donc qu'il bouge. En partant, il espéra que le message qu'il s'était permit d'envoyer avant d'arracher le câble était arrivé à destination.
Il commença à se mouvoir dans le faible espace séparant les planches de bois du vrais plafond, entre les câbles électrique et les conduits d’aération. Indifférents, les élèves continuaient de défiler dans le couloir en dessous, sans même se douter de sa présence.
On ne le trouverait pas ici.

*

L'écran ne présentait désormais plus que le bureau de l'ordinateur. Seul trônait au milieu une fenêtre du bloc-note.

- « Tous les dossiers ont été téléchargés dans la clé de Faye. J'espère vous avoir été utiles. Je pense avoir fait le bon choix. », lu doucement Faye.
- Tu … Tu penses que c'est lui ? Qu'il est encore quelque part, en vie ? questionna Corentin
- J'ai du mal à y croire, mais … Je ne vois que ça, répondit la négociatrice.
- Bon bah, en attendant, on a plus qu'à éplucher tout ça.

***

Plusieurs jours passèrent sans nouvelles. Le climat était plutôt à la méfiance, et les amis se rendaient compte qu’à leur grande horreur qu’il ne se confiaient plus grand choses. les maigres enquêtes commencées ici et là piétinaient. Arthur, sortant de cours, entra dans la cafèt', où se trouvaient déjà Eileen, Étienne et Mary, installés autour d'une table sur laquelle trônait un paquet de friandises.

- Mmmh, j'ai bien dormi, déclara Arthur. Franchement, ils pourraient pas les faire un poil plus intéressants leurs cours de langages codés ? J'me sens comme un zombie à chaque fois que j'en sors !
- Non, c'est pas vrai ! Les zombies, ils sont encore plus mous que toi ! déclara Eileen.
- Ah ? Qu'est-ce qui te fait dire ça ? questionna l'endormi.
- C'est Jean-Paul ! Lui, c'est un zombie tout rose tout gentil, et il est mou comme de la guimauve.
- Ah, oui bien sûr … J'aurais dû m'en douter. Bref, du neuf dans le coin ?
- Pas vraiment … répondit Mary.
- Carambar ? proposa Étienne.
- Merci, dit Arthur, prenant une des friandises, goût citron. Vous avez encore combien d'heures de libres après ?
- J'ai toute ma matinée, moi, fit le frisé.
- J'ai rendez-vous avec Louis et Corine pour boire le thé, juste à coté, continua Eileen
Je vais bientôt devoir y aller pour ma part … annonça Mary. je vais... non rien.
la jeune fille avait encore des renseignements à trouver sur Élina avant d’être certaine de ce qu’elle avançait. mais pas question de s’en ouvrir aux autres. Ce serait sa gloire à elle, et pour une fois, elle ne passerait pas au second plan !
- T'as le temps pour un petit Président ?
- Euh … oui, je pense.
- Parfait ! Étienne, ça te dit ?
- Allons-y … répondit l'intéressé.
- Eileen ?
- Elle est déjà à la table d'à coté …
- Bon, bah, ce sera sans elle.

Arthur sortit un jeu de carte de sa poche, toussa un coup, et distribua les cartes.

- Je commence ! Trois ! clama Arthur.
- Tu passes Étienne, continua Mary en ajoutant une carte sur la table.
- Dès le début, quoi ! se plaignit le frisé.
- C'est le jeu, toussa Arthur, posant sa carte suivante.

La partie suivit son cours, avec un Étienne dépité à cause des innombrables tours qu'il passait, une Mary souriant du désespoir qu'elle causait chez le précédent, et un Arthur dont la toux s'intensifiait. À la fin de la partie, celui-ci, en pleine quinte de toux, s'exclama :

- Keuf … Préz' !
- Neutre ! enchaîna Mary.
- J’en ai marre … termina Étienne.

Arthur se leva alors, prit d'une quinte interminable. Inquiets pour leur ami, Mary et Étienne se levèrent à leur tour.

- Arthur … t'es sûr que tu devrais pas aller à l'infirmerie ? demanda la première.

Celui-ci ne s'arrêtait plus de tousser. C'est alors qu'Étienne vit les tâches rouges qu'Arthur laissait par terre. En le regardant de plus près, il s'aperçut que sa bouche et la main qu'il tenait devant étaient couverts de sang.

- Oh ! … Mary ! Aide-moi à l'emmener à l'infirmerie ! Vite ! demanda le frisé, en urgence.

Aussitôt, les deux se saisirent d'Arthur et l’entraînèrent vers l'infirmerie. Sa toux ne cessait plus. Alors qu'ils arrivaient en haut de l'escalier qui devait les mener au rez-de-chaussée, celui-ci s'effondra. Pris de spasmes, il continuait de tousser, répandant son sang devant lui. Soudain, il se figea. Mary et Étienne n'eurent pas besoin d'explications supplémentaires pour comprendre. C'est ce moment qu'Eileen revint vers eux.

- Ho ! Mais il lui est arrivé quoi à Arthur ?

Mary et Étienne se retournèrent brusquement vers elle. Ils avaient beau connaître Eileen, c'était toujours difficile de ne rien dire face aux réaction de l'adolescente dans ce genre de situation. Car Arthur était bel et bien mort.
Empoisonné.
Et depuis les faux-plafonds, Lucas avait parfaitement vu qui avait offert ce carambar à Arthur.
Une fois tout le monde parti, Lucas quitta prudemment son perchoir. À cette heure-ci, la majorité des élèves étaient en cours. Il lui avait fallu deux jours pour trouver un moment propice. Ce n’était pas le moment de faire marche arrière.
Il tremblait un peu. Il était sur le point de remettre sa vie, et celle des autres, par la même occasion, entre les mains d’une seule personne. Mais il avait découvert trop de choses. S’il les gardait pour lui, il risquait de voir ses compagnons s’éteindre les uns après les autres. Il était temps de prendre de vitesse celui qui s’amusait à jouer avec leurs nerfs !
Son choix avait été mûrement réfléchi. Deux nuits blanches, au total. Un par un, il avait fait défiler devant ses yeux chacun de ses compagnons, énumérant leurs qualités et leurs défauts. La semaine précédente, il aurait été voir Étienne sans la moindre hésitation, mais après ce qu’il s’était passé avec Arthur... Comment savoir ?
Non, il ne pouvait plus.
Il fit quelques pas dans le couloir, hésitant. S’il voulait changer d’avis, c’était maintenant. Après il serait trop tard.

« Lucas ? C’est toi ? »

Lucas inspira un grand coup. Plus de temps pour les doutes.

« Oui. Écoute, je n’ai pas beaucoup de temps...
-On te croyait mort ! Où étais-tu ?
-Je me suis caché. Dans les faux-plafonds. Je suis venu te dire ce que je sais !
-Qu’est-ce que tu sais ? »

La voix qui lui faisait face était devenue méfiante.

« En fait... Pour Arthur. Tu sais que c’est Étienne qui lui a donné les carambars ? Et pourtant, ils n’étaient pas tous empoisonnés, tout le monde en a pris ! Avant-hier, j’ai entendu Étienne et Arthur parler dans les couloirs. Arthur lui a dit qu’il adorait les citrons !
-Oui, c’est étrange... J’irais parler à Étienne...
-Et ce n’est pas le pire ! »

Lucas jetait des regards inquiets autour de lui. Les couloirs étaient toujours déserts. Contre toute attente, l’autre lui prit la main.

« Pas ici. »

Tiré dans une salle adjacente, Lucas poursuivit.

« J’ai été trahi !
-Pardon ?
-Quand j’étais dans la salle, en train de pirater l’ascenseur. Je n’étais pas seul, quelqu’un m’a rejoint. Et il a tenté de me tuer.
-Qui ça ? lui demanda l’autre, un sourire doucereux sur les lèvres. »

Lucas comprit en croisant son regard que quelque chose clochait.

« Ça ne va pas ?
-Oh si, tout va merveilleusement bien...
-En réalité, je pense que ce n’est pas cette personne qui commande tout ça. Il faudrait que tu cherches qui est le cerveau de cette opération !
-Je vais chercher, ne t’en fais pas...
-Tu n’as vraiment pas l’air bien, tu sais ? »

En voyant son interlocuteur tirer un couteau, Lucas comprit à quel point il s’était trompé.
Tout lui parut clair d’un seul coup. Évident.
Lucas comprit également qu’il allait mourir.
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Chapitre 6 complet, lissé, corrigé
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