Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre [Cross de rentrée, venez tous tester votre personnage iciii]

Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre.
Ouais, et ben les cieux étaient gris, et la terre, mouillée. Mais ça personne n'a du le rajouter.
Puisque c'est comme ça, elle allait le rajouter elle.
"Au commencement, Dieu créa les cieux gris et la terre mouillée"
ça sonne bien, non ?
Elle soupire en regardant par la fenêtre du bus. Il pleut depuis qu'elle est levée, c'est une abomination.
Le "elle", c'est Eva.
Quinze ans et six brouettes, des yeux chocolat et des cheveux de la même couleur. Grande âme de ce siècle. Enfin, grande âme de ce siècle en devenir. Ce qui était un bon début.
Le bus roula dans une ornière, aspergeant la fenêtre de boue. Il fallait croire que le temps non plus n'aimait pas la rentrée.
Car oui, ce bus qui roulait à la vitesse exceptionnelle de dix-sept kilomètres/heures roulait vers la rentrée.
vers le LPII
Lycée Patate Ignorant Iguane, à ce qu'il lui semblait.
Eva soupira. Elle préférait les vacances.
Elle rentrait en cercle trois, cette année, ayant eu le temps de gravir les deux précédents durant sa première année.
Et elle savait qu'elle rentrait en internat permanent. Plus de possibilité de sortir avant deux ans. Peut-être plus.
Le bus s'arrêta dans un village paumé.
Deux ou trois élèves montèrent.

- La place est libre ? demanda une fille.
- ça dépend.

Elle se mit à parler au fauteuil vide.

- Paquerette, tu veux bien laisser ta place et venir sur mes genoux ?

Une seconde de pause, puis :

- Elle est d'accord, la place est libre, je t'en prie !

[]

Elle avait traîné des pieds jusqu’à l’arrêt de bus, en k-way, sous une pluie froide et torrentielle.
La rentrée s'annonçait bien.

Lorsque la jeune fille lui céda la place, elle s'asseya dans un soupir :
- je m’appelle Roxane, et toi ?

elle dévisage sa voisine en pesant qu'elle avait posé un bonne question.
- Éva. répondit cette dernière

La jeune fille aux cheveux violacés et aux yeux clairs passe sa main dans ses cheveux courts :
- Quelle saleté de pluie. J'espère que les profs nous ont rien prévu en extérieur.

personne ne lui répondit. Là elle se sentait vraiment mal. Alors elle sort une barre chocolatée et croque dedans avec appétit. les chocapics de ce matins n'étaient pas assez consistants pour elle. Elle vit Eva la fixer alors elle sortit une autre barre :

-Tu en veux ?


[ ]

Il est intéressant de constater que la météo semble suivre l'humeur générale de toutes les personnes retournant travailler aujourd'hui, en passant d'un beau soleil et plus de 30° hier, à un déluge comme il tombait présentement sur le bus.

C'est que que pensait actuellement Lucas, un garçon âgé d'un peu plus de 15 ans, les cheveux châtains et les yeux verts, assis seul sur sa banquette et s'amusant de ce fait improbable.
Chose dont il fut distrait par le spectacle qui débuta devant lui, mettant en scène une fille relativement petite et apparemment adepte du sarcasme, ainsi qu'une autre fille dont la couleur de cheveux relevait de l'invraisemblable.

Il décida de suivre la discussion, regardant par dessus le siège devant lui, jusqu'au moment ou une barre chocolatée fit son apparition.
Alors que la fille aux cheveux violacés en tendit une à sa voisine, Lucas demanda à son tour :
"Je peux en avoir une ?"

Barre chocolatée.
Eva s'était arrêté de bouger, adoptant la position dite "du chien de chasse"
Barre chocolatée.
Elle devait faire une drôle de tête, parce que sa voisine lui en proposa une.
Elle commença par retirer pâquerette de ses genoux en la déposant sur le siège de devant.
Puis elle tendit le bras, comme si elle allait saisit un objet sacré.
C'était le cas, d'ailleurs.
Chocolaaaat
À l'instant ou son doit effleura le papier, un garçon derrière lui en demanda une.
Avec désinvolture, comme ça, comme s'il parlait de la pluie et du beau temps.
Quel... quel outrage !
Eva se retourna aussitôt.

La terre était informe et vide: il y avait des ténèbres à la surface de l'abîme, et l'esprit des Dieux se mouvait au-dessus des eaux.
Un Dieu dit: Que le chocolat soit! Et le chocolat fut.

Elle ne connaissait pas bien ce garçon. Dans le LPII, on a rarement la chance de croiser des gens. La faute aux patates et aux iguanes, sans doute. Mais on avait pas besoin de connaître les gens pour les détester, alors quon a besoin de les connaître pour les apprécier.

- Si la prêtresse du chocolat ici présente daigne t'accorder un tel présent, je te prierai au moins de l'accueillir avec les honneurs dus à une barre chocolatée !

Puis elle se rassit, et commença à chantonner une comptine pour enfants.

- Le chat est par terre, se soleilleuh se soleille-euh, le chat est par terre, se soleille et dit qu'il pleuuut...


le Dieu vit que le chocolat était bon; et il sépara le chocolat noir du chocolat blanc.
un autre Dieu appela le chocolat blanc Chouette, et il appela le chocolat noir Hibou. Ainsi, il y eut un Hibou, et il y eut une Chouette, et ce fut le premier jour.

Nouvel arrêt.
Un garçon monte. Il a des cheveux frisés évoquent immédiatement Eva un mouton. Elle se demande s'il se tond au printemps. Et si on fait des pulls avec ses cheveux. Il s'assoit devant elle.
Devant elle ?
Eva bondit de son siège.

- Excuse-moi. Tu es assis sur Paquerette.

Etienne, un garçon de 16 ans, les cheveux aussi frisés qu'un mouton, attendait aussi patiemment que possible, c'est-à dire pas du tout, que le bus vienne enfin le délivrer de cette ennui presque palpable qui planait sut l'arrêt de bus.
Il faut dire que la pluie n'arrangeait rien. Ses cheveux avaient beau lui protéger la tête, il savait par expérience qu'en séchant, ils gonfleraient démesurément, à la limite de la coupe afro.

Il pris l'arrivée du bus comme celle d'un messie, bien qu'il rebutait à l'idée d’appartenir à une religion, car, selon lui, c'était une perte de temps considérable, et, comme il le disait souvent " on a jamais assez de temps pour glander ".

Il monta dans le bus, montra négligemment sa carte à un chauffeur qui s'en préoccupait manifestement autant que de l’hygiène de ses oreilles, et alla s’asseoir à une place où selon lui il serait tranquille : il n'était pas spécialement d'humeur à tailler le bout de gras avec un de ses potentiels futurs camarades de classe.

Manifestement, le sort s'acharnait : une fille aux cheveux chocolat le sorti de sa rêverie.

Eva sautillait sur place de manière totalement inutile.
Oui, mais Paquerette était coincée sous Étienne, étouffant, peut-être déjà morte. À cette pensée, elle s'agita de plus belle.

Pourtant, son ton était parfaitement neutre lorsqu'elle prit la parole. Il ne fallait pas oublier qu'elle venait de manger une barre chocolatée. Il ne fallait pas sous estimer le pouvoir d'une barre chocolatée.

Le Dieu dit : Qu'il y ait une étendue entre le chocolat au lait, et qu'elle sépare le chocolat au lait d'avec le chocolat au lait.
Et Dieu fit l'étendue, et il sépara le chocolat au lait qui est au-dessous de l'étendue d'avec le chocolat au lait qui est au-dessus de l'étendue. Et cela fut ainsi.
Dieu appela l'étendue ciel. Ainsi, il y eut un Hibou, et il y eut une Chouette : ce fut le second jour.

- Tu es assis sur Pâquerette, répéta patiemment Eva.

Et si tu ne te lèves pas illico presto, je déchaînerai le terrible pouvoir du chocolat sur ta triste personne.
Sa formulation fut beaucoup moins élégante.

- Alors rends-moi Pâquerette, et retourne voir dans ta bergerie si j'y suis !

Pâquerette était un esprit. Un esprit débutant, dont la garde avait été confiée à Eva. Le laisser mourir étouffé n'était pas une bonne idée.
Mais l'idée du siècle traversa Eva, qui sursauta.
Pâquerette pouvait traverser les objets. Et posséder les humains.
Eva regarda Étienne en penchant la tête. Pâquerette aurait donc choisi un tel hôte ?
Bien, parfait alors. Il faudrait juste qu'elle fasse attention quand il ressortirait. Eva regagna sa place en sautillant.
Tout le bus était désormais au courant qu'elle était folle.
Tant mieux, elle aurait la paix.

Puis, comme elle se sentait d'humeur joyeuse, et qu'elle avait envie d'embêter les gens, elle envoya une vague de colère vers le bus. Il y avait de grandes chances pour que ça rate, mais on ne savait jamais.

La jeune fille attendait. Comme toujours, comme toute personne à un arrêt de bus. Bien des fois, elle était arrivée de justesse, mais pas ce jour là. Hier, c'était le dernier jour avant les adieux, aujourd'hui, ils avaient été dit. Elle donna un coup de pied dans un cailloux. Ce dernier fit un petit bond avant attendrir dans une flaque d'eau proche. La flaque, teintée par les gravier, le sol et la poussière, avait une couleur grise proche de celle de la lune.
Elle était partie tôt.
Avant que ses parents ne réalisent vraiment que c'était aujourd'hui, elle s'était enfuit comme une voleuse. Son sac sous le bras, un parapluie noir qui l'abritait encore, une petit sac à dos. Elle avait réussi à faire tenir sa vie là dedans, en tassant un peu ça avait marché. Kalian, c'est son nom, avait un peu oublié que le volume et la masse n'était pas lié et elle le regrettait amèrement. La bandoulière barrant sa poitrine faisait souffrir ses épaules tandis qu'elle attendait. Pas d'échappatoire, il fallait endurer et attendre sous peine de voir sa vie souillée par la boue et trempée par la pluie.
Elle n'avait pas grand chose pour s'occuper. Faire tourner le parapluie dans ses doigts. Écouter les gouttes se briser sur le tissus. C'est tout. Faire rouler ses épaules et fredonner quelques notes dans le vent parfois. Elle faisait de gros efforts pour ne pas penser à ce qu'il y avait derrière elle, parce qu'elle ne le reverrait pas. Pas avant longtemps. Il arrivait parfois à Kalian de lister dans sa tête ce qui s'arrêterait si elle devait mourir maintenant ou si elle perdait la mémoire définitivement.
Elle avait l'impression de devoir mourir fictivement ce jour là.
Le car arriva, tout phare dehors, faisant passer les gouttes d'eau pour de fines griffures dans la peinture de l'univers, laissant voir la toile blanche.

La porte s'ouvrit dans un grincement, Kalian ferma son parapluie et monta. Elle chercha quelques minutes dans son sac à la recherche de son titre de transport. Elle ne l'avait pas laissé ? Si ? Elle allait devoir appeler sa mère ? Non surtout pas... Elle avait tout bien fait pour éviter les larmes, tout n'allait pas s'effondrer maintenant ! Ses doigts frôlèrent à l'aveugle l'objet de tout ses souhaits.
Elle le posa dans la main que lui tendait le chauffeur. Elle pouvait voir ses émotions rien qu'à sa main. Enfin peut-être pas les voir, juste en avoir pressentiment. Rien de psychique ou témoignant d'un pouvoir quelconque. Juste de l'instinct. Elle n'avait aucun mérite, il était facile de deviner que l'homme s'impatientait. Chacun ses but dans la vie. Lui, il devait juste conduire son bus quelque part, suivre la route comme on suit son destin, comme un train reste dans ses rails.

Kalian regarda droit devant elle et prit la première qui se présenta. A coté d'un garçon aux cheveux frisés. Vu son état, s'était le dernier monté. Il était encore trempé par la pluie. Elle s'assit a côté de lui en se disant qu'être éloignée de la fenêtre n'était pas une mauvaise chose.
Elle sortit un casque de son sac à dos et le posa sur ses oreilles en prenant soin de légèrement décaler une oreillette au cas où on lui parlerait. Mais elle n'avait trop d'illusion. Elle ne connaissait personne dans ce bus.

Le dialogue navrant d’incohérence et de crétinerie que débita la jeune fille eu presque le mérite de distraire le garçon. Il lui vint l’envie d’applaudir cette performance exceptionnelle, mais elle fut aussitôt réprimée par une autre bien plus pressante : se replonger dans ses réflexions.

Il nota avec satisfaction que sa nouvelle voisine était aussi peu loquasse que lui : enfin quelqu’un de sensé ! Ses oreilles lui confirmèrent que plus rien ne nuisait à méditation. Il lui fallu néanmoins s’assurer que cella durerai avec un examen oculaire approfondi de sa dernière tourmenteuse en date. Il lui jeta un regard en coin de façon à bouger le moins possible, et constata que cette dernière semblait plongée dans un monde qu’elle seule pouvait voir, (il se dit que s’était sans doute mieux ainsi pour la santé mentale de tout le monde vu le visage figé dans un rictus égaré et contemplatif qu’elle affichait).

Il plongea dans les méandres tumultueux de ses pensées et chercha quelque chose de potable à exploiter, bien que les évènements ces derniers temps ne lui aient pas grandement donné matière à réfléchir.

elle croque avec appétit dans la barre qui lui restait après avoir ravitaillé les trois quarts du bus. Le chocolat crée des liens et forge des amitiés, c'est bien connu. Elle mit aussi une paire d'écouteurs avec scorpions à fond. Un des seuls bonheurs qu'elle pouvait s'accorder dans la journée. Et puis jouer les asociaux dans un bus n'avait rien d'anormal, ça permettait de se fondre dans la masse. elle semblait connaitre la jeune fille aux écouteurs.

- Tu serais pas Manel ? Demanda-t-elle, je crois que nous étions dans la même classe en CP...

Elle ne répondit pas et une sorte de vent froid de solitude glissa sur elle. Roxane aurait pu lui taper sur l'épaule mais elle n'aurait jamais aimé être dérangé pendant un bon solo revigorant.

Elle s'attaqua alors à son voisin.

-Euh... Hé, toi...
- Etienne.
- Oui Etienne, qui c'est ta voisine ?
- Quelqu'un de censé, j'imagine...
- Oui mais son nom ?

Il répondit d'une moue visible et d'un haussement d'épaules qui lui donnait un air drôle.
Elle demanda alors à euh... Eva.
- Oui ? chantonna la concernée.
- Comment elle s’appelle la fille devant moi ?
-Aucune idée...

Elle jura en silence et aurait bien voulu utiliser sa persuasion pour savoir mais on ne peut soutirer des informations a quelqu’un qui les ignore...
Elle croisa les bras sur la poitrine et bouda.

( )

Lucas avait finalement obtenu une barre de chocolat, qu'il dégustait avec plaisir, tout en continuant de suivre la discussion, appuyé sur le siège devant lui.

Et lorsque le sujet de cette discussion devint la découverte du nom de la voisine d'Étienne, Lucas prit son sac sous son siège, et en sorti un objet étrange, un brassard qu'il mit à son bras gauche. En ouvrant un rabat sur celui-ci, on pouvait voir qu'il s'agissait en fait d'un ordinateur miniaturisé.

Rapidement, Lucas se mit à parcourir plusieurs pages à la suite, avant de s'arrêter sur l'une d'entre elle. Il annonça à haute voix :

"Kalian, 16 ans. Deuxième année au Lycée Pas original, Inintéressant et Inflammable. Possède des capacités de combat évoluées. Ton profil révèle bien plus d'info que ça, mais je pense que cela suffit pour l'instant. Enchanté Kalian"

Eva s'inclina poliment devant le mouton.
Et elle s'assit.
Ça commençait à s'agiter, dans le bus. Des gens qui bougeaient, qui demandaient les prénoms les uns des autres. Pourquoi tant d'agitation ? Il y avait une fête ?
Eva se leva, comme montée sur des ressorts. Il y avait beaucoup de monde, dans le bus.
En passant devant Lucas, elle fit mine de caresser quelque chose à côté de lui. Le garçon lui lança un regard surpris.

- Oui, désolée. J'ai toujours adoré les chats, je peux pas m'empêcher de les caresser... Je peux te l'emprunter ?

Elle prit... le vide dans ses bras, et partit avec. En le gratouillant entre les oreilles.
En arrivant à la hauteur de la fille que l'autre garçon venait d'appeler Kalian, elle déposa un instant le chat sur un autre fauteuil, puis, elle arracha les écouteurs de son oreille.

- Bonjour ! Oui, moi aussi ça va, et toi ? ça me fait plaisir de faire ta connaissance !

ça c'était parce qu'elle s'était assise sans dire bonjour à personne.
S'pèce de malpolie, va...

Il arrive parfois que les choses tournent mal. Ainsi va la vie dira-t-on. Alors que Kalian se laissais porter par la très belle chanson cyber bird qu'elle écoutait, son oreille libre lui annonça quelque chose. Quelqu'un débalais sa vie à tout le monde. Comme ça, sans rien lui demander. Son existance fut résumée en trois mots. Pas originale, inninteressante, inflamable. C'est tout, rideau.
Elle était inninteressante.
Une soudaine envie de pleurer la prit. Il y a peu, elle était chez ses parents, loin de tout ces gens qui la jugeaient sur un trio de mots pioché dans un ordinateur. Elle voulait juste disparaitre. Ses dents se serrèrent tandis qu'une réplique haineuse monta en elle. Mais le monde tourne vite.
Une jeune fille lui arracha soncasque pour lui hurler dans les oreilles. Son ton l'enfonça encore plus. Ironique.
Kalian était paranoïaque. Elle le savait ne pouvait rien y faire. Elle se retrouva sans savoir quoi dire, accullée. Elle n'allait pas les renvoyer ballader. C'était ce conforter a ce qu'avait décrit le garçon. Kalian s'était jurée dNessayer d'être plus calme. Au moins essayer. Durant toutes ses vacances, elle avait reprit cette sale habitude de parler seule. Pour s'entrainer, pour se permettre l'espiir naïf qu'elle pourrait se dévellopper une répartie fine. Peine perdue.
Comme toujours, la réponse précise et ajustée viendrait plus tard.
Pour l'instant autant se taire. Passer pour un faible.
Encore.
Elle reprit son casque des mains de la fille-chocolat et le remit en lachant, honteuse d'elle même.
- Hmm. Oui moi aussi. Enchantée.
Cette fois elle remit totallement son casque et poussa la musique à s'en faire saigner les oreilles. Elle ne voulait plus entendre. Elle voulait juste être ailleurs.

Il fallait juste attirer son attention mais comment ?
D'un geste vif, discret mais néanmoins élégant elle saisit son mp4 et baissa le son progressivement.

L'autre la regarda d'un air assassin mais changea vite d'attitude lorsque Faye s'empressa de dire :
- Je suis navrée mais je voulais savoir quel était ton prénom...
- Pourquoi ?

Faye s’arrêta subitement. Oui... Pourquoi ??? A quoi ça allait lui servir de donner son nom a une ancienne camarade de cp qui ne se souvenait surement plus d'elle?

Si, elle savait : a se rassurer ; a ne pas se sentir seule.

- Parce que je crois te connaitre, je suis Faye. Tu te souviens peut-être de moi. On a appris à lire ensemble.

Kalian semblait rechercher des souvenirs dans la multitudes de choses à laquelle devait s'atteler son cerveau.
Faye, elle était un peu inquiète et commençai à se ronger les ongles malgré l'entrainement intensif qu'elle s'était infligé pendant les vacances.

- Alors... Demanda-t-elle d'une toute petite voix.

( :cuicui: )

Il attendait seul sous la pluie, la capuche de son gilet relevé sur le haut de son crâne, déjà trempée...Il lança un rapide regard vers son sac en se demandant si sa chemise et ses feuilles seraient trempés avant que le bus n'arrive. Soupirant, il se demanda pourquoi Dieu avait inventé l'école. Lui qui aurait-préféré rester sur son Pc encore quelques mois, jouant à ses jeux, dans ce monde calme où il pouvait être lui. Mais non...Sa mère venait de le réveiller en secouant ses draps et en l’engueulant direct :

"-Mais que fais-tu encore dans ton lit ! Il est deja tard, tu vas manquer ton bus ?
Lui cria t'elle directement le matin...
-Bus de quoi ?
Il se frotta les yeux...
-Pour ton nouveau Lycée voyons ! Tu es idiot ou tu le fais exprès !"

C'est à ce moment là, qu'il se rappela que c'était la rentrée...Et qu'il se dépêcha de laver et courir vers l'arrêt de bus. En fin de compte, il dût attendre sous la flotte. Il prit son vieux Mp3 ("Il faut vraiment que j'en achète un nouveau...") et l'alluma, mettant directement du Likins Park. Puis attendit...Attendit...Et attendit. Après encore quelques minutes, enfin il le vit ! Il s'approchait lentement et...Ne s'arrêta pas.

Il regardait le bus passer, les autres Lycéens dedans, deux filles à coté d'un..."Mouton" ?! Qui parlaient...Puis le plaque d'imatriculation...
-Euh...

Il tourna la tête, suivant le bus puis d'un coup :DING ! La lumière se fit dans sa tête et...Il partît en courant derrière le bus en criant à sans briser la gorge, il arriva au niveau du bus et tapa contre. Encore et encore mais rien à faire...Puis enfin, il s'arrêta."Ouf !" Il approcha de la porte, essoufflé, un point de coté...Le porte s'ouvrit et il grimpa, trempé.
-Désolé Petit, je savais pas qu'on en prenait ici maintenant...
-Ben vous le saurez maintenant...

Oui, Arthur se montrait rarement de bonne humeur aux gens, surtout quand il pleut et qu'on le fait courir.Il montra sa carte et partît en quête d'une place et remarqua une fille étrange qui caressait dans le vide, un Mouton à coté des deux filles qui parlait...Un gars aussi. Après mure reflexion...Il se dirigea derrière tout ce monde et posa son sac sur le deuxième siège, s'allongea presque sur les deux sièges en baissant sa capuche trempé et écouta sa musique. Déjà il stressait et il commençait à avoir mal au ventre. La musique lui fera du bien...

"What i've done !"

C'est alors qu'une étrange jeune fille poussa subitement un cri.

Le regard confus, elle regardait fixement le sol, sur lequel étaient éparpillés des morceaux de plastique qui semblaient provenir d'un stylo et une grande tache d'encre bleue.
La jeune fille murmura un "pardon", en baissant la tête et ramassa un à un les débris, lentement.

Elle savait très bien qu'elle était seule. Il en avait toujours été ainsi. Oui, depuis toujours, on la regardait de loin n'osant pas approcher. C'était toujours les mêmes paroles blessantes :

"Elle est timbrée, je ne préfère même pas lui parler !"

"Elle porte la poisse, on devrait lui interdire d'avoir des mains !"

Tant de rumeurs, de moqueries, d'humilations qui s'enchainaient. Elle avait décidé d'intégrer un nouvel établissement éspérant se faire une place parmi les autres, mais ce n'etait pas gagné...

Arthur écoutait tranquilement "In the End" , son mal de ventre passant doucement, ces crises de fesaient de plus en plus nombreuses et il en avait marre. Le Medecin se comprenait pas pourquoi il en fesait, ni les deux Psy' qu'il avait rencontré. Il fermait les yeux pendant sa musique, dès que son mal de ventre revenait, il semblait prier Dieu pourtant, il ni croyait pas vraiment...Puis un crie traversa sa musique au combien génialisime. Il ouvrit les yeux et regarda la fille se demandant pourquoi elle criait comme ça ? C'est alors qu'il dit d'un ton purement typique de l'ado qui n'est pas encore reveillé :
-Euh...Un soucis ?

Il regardait la fille qui semblait mal à l'aise, les morceaux d'un stylo sur le sol dans une marre d'encre,il ne pensait rien de mal d'elle, il ne chercha même pas à savoir pourquoi elle avait cassé ce stylo et il sortit un paquet de mouchoir de son sac et lui jetta.

-Si tu veux nettoyé.

Puis il se rallongea et repartit dans le monde de la bonne musique...

Le cri nous fit tous changer de direction et je venais d'oublier instantanément mon objectif premier. "L'explosion" avait surpris une personne adjacente et cela avait projeté un paquet de bonbons dans le bus.

Première bonne nouvelle de la journée.

Toujours son scorpion sur les oreilles, elle chopa un paquet au vol et remercia la jeune fille pleine d'encre qui semblait confuse.

- Belle technique ! J'admire, sincèrement !

L'autre commença à la regarder d'un air drôle du genre : "tu te fous de moi, hein ? " alors Faye répéta :

- Je réitère, la manière avec laquelle tu as pu faire valser ses délicieux mets qui sont, entre autres des réglisses succulents m'a enchantée. Je la trouve sublime et j'admire la dextérité dont tu as usé pour mener ton objectif à bout. au niveau socio-amical tu marques un bon point !

Ça avait l'air de mieux fonctionner. En revanche, sa voisine Eva sembla être beaucoup plus perturbée lorsque qu'un paquet de fraises tagadas entra en contact avec sa joue.

Cela fit rire Faye et si elle le prenait mal, tant pis. La journée avait si mal commencé que maintenant, il fallait qu'elle se motive avec tout et n'importe quoi.

(rock you like a hurricane !! :cuicui: )

Les souvenirs refluèrent. Aussi lentement que se forme une couche de neige, les images revinrent, passant dans ses yeux. Faye... Faye...
Le souvenir était bref, une petite fille qui pouvait être l'adolescente en face d'elle qui lui faisait bonjour avec la main. Le souvenir était bref, certaine couleur étaient accentuées, d'autre vraisemblablement déformées. Le bleu de la robe de cet enfant, le noir de ses cheveux, le orange vif des montant de la porte et le noir-verdâtre du béton de l'évier.
Si elle se souvenait bien, elle était dans une salle de classe et son amie dans une autre. Les deux était séparées par un atelier le geste de la fille en robe bleu était né lorsqu'elle l'avait apperçue par la porte.
Constatant que la-dite Faye était une amie, elle s'illumina d'un sourire.
- Oui je me souviens ! On était souvent ensemble ! Alors...
Les premiers mots qui lui vinrent furent "qu'est ce que tu deviens" mais elle ne parvint pas à le dire. Un bruit sec retentit accompagné d'un petit cri de surrise. Une nouvelle.
D'un an de moins bien qu'elle lui paraissait infiniment plus jeune. Elle venait de casser un stylo, répendant l'encre par terre. Elle ne sut si la réaction du garçon lui donnant des mouchoir fut gentille ou une cruelle moquerie. Elle se dit juste qu'elle l'aurait mal prit à sa place. Mais Kalian prenait toujours tout mal, même si ce n'était pas forcement méchant.
L'intervention de Faye attira sa curiosité. Sa façon de parler surtout, lui semblait bien étrange. Pourtant, a peine l'eut-elle entendue qu'elle en comprit le sens et se dit que c'était une bonne façon de voir les choses. Elle enchaina alors, heureuse de trouver quelque chose d'original a demander à son amie d'enfance.
- C'est marrant les mots que tu utilises. Ça tranche avec ta façon de parler.
Elle n'était pas sur d'avoir dit ça de façon a être agréable. Kalian n'était pas un vilain petit canard mais elle savait que sa vision un peu particulière des choses en faisait un cible facile. C'est l'inconvéniant du manque de répartie. Ça l'attristait parfois mais la plupart du temps elle se disait qu'elle préférait être elle même et la tête haute.

Faye ne le prit pas mal. Étrangement, le fait de se forcer à voir les choses du bon coté était profitable. Elle avala bruyamment son morceau de réglisse mou et répondit :

- Je parle comme ça quand j'ai besoin de quelque chose. Une sorte de faculté que j'ai...

- Pas mal. Ça peut toujours être utile oui.

- Certes, et avantageux. Je ne me priverai pas de la seule chose qui fait le peu d'honneur que j'ai.

Tout en replogeant la main dans son paquet de réglisse elle demanda :

- Tu en veux Kalian ? Ça fait tellement plaisir de voir une tête connue !

Là, elle se trouvait un peu trop enjouée parce que son regard venait de faire le tour du bus.

Et tout le monde faisait la gueule.

"Avec une macarena, tout le monde irait mieux." Pensa-t-elle en avalant son deuxième réglisse.

Pour le coup, c'était vraiment le...
Le bronx, oui.
Elle ne connaissait pas grand monde, au lycée. Elle avait beaucoup de cours à part. Enfin, pas de vrais cours. Des rendez-vous avec des psychologues. Elle était peut-être folle, mais elle n'était pas stupide.
Et ils défilaient. Toujours plus nombreux, toujours plus intéressés, toujours plus idiot... C'était devenu un jeu, pour elle. Voir combien de temps ils pouvaient tenir avant de craquer.

- Tu me me dire tout ce qu'il te passe par la tête, avait dit le dernier en date lors de leur première séance.

Eileen lui avait tenu un discours d'une demi-heure sur la suprématie des chouettes.
Le lendemain, elle en avait un nouveau.

Depuis un moment, le conducteur ne cessait de se retourner. On sentait qu'il en avait assez. Et qu'il commençant à se demander quel genre d'élèves il avait dans son bus.
Il n'y avait qu'une seule règle, au LP2I. Ou plutôt, il y en avait des tas, mais il n'y en avait qu'une qui soit réellement importante.
On ne parle pas de ses pouvoirs. Jamais. Et on les cache.
Dans ce bus, il y avait probablement des petits nouveaux, qui ne savaient pas encore dans quelle histoire ils étaient embarqués...
Mais le conducteur doutait. Il il commit une grave erreur.

- Asseyez-vous, jeunes gens, je vous prie ! Sinon, je m'arrête sur le bord de la route et je vous laisse vous débrouiller !

Sauf qu'on ne menace pas un bus rempli à ras bord de LPIIens. La preuve en image, parce que la seconde d'après, sa radio, branchée sur on ne savait quelle station d'informations, j'éteignais.
Eileen se leva gentiment, et trottina jusqu'au conducteur. Les élèves se lançaient des regards en coin pour savoir qui allait intervenir et lui pourrir la vie.
Eileen se hissa sur la pointe des pieds.

- On est encore loin ?
- Cinq minutes, je dirais... répondit distraitement l'homme qui triturait les boutons de sa radio.
- Est-ce que vous pourriez accélérer un peu, alors ? Parce que je ne suis pas sûre que ce bus reste intact assez longtemps pour qu'on ait le temps d'arriver... et que j'ai laissé mon vélo a la maison...

Arthur était tranquilement en train d'écouter sa musique quand il vit un paquet de bonbon voler au-dessus de lui et disparaitre derrière l'autre siège. Bref...Première fois qu'on donnait des bonbons à d'autres personnes dans un bus mais bon...Il ferma les yeux et tenta de calmer son ventre. Puis, il remarqua que le bus ralentissait que les gens s'agitaient dans le bus, il re-ouvrit les yeux et leva la tête au-dessus du bus. Le Conducteur tripotait sa Radio ("Putain...Voila que de nos jours, ils écoutent la radio quand il bosse et nous dépose en retard...") tandis que les Lycéens parlaient entre eux en souriant et rigolant pour certain. Puis il vit une personne se levait et aller lui parler, il coupa le son et pût apprendre qu'il restait plus que cinq minutes avant d'arriver au Lycée.

Evidemment, étant nouveau, le stress monta directement et il remarqua qu'il y avait du monde et commençait à suffoquer...Il haïssait ses crises d'angoisses qui le prenait depuis peu et se rallongea en mettant de nouveau son son, virant du teint assez bronzé ( Vive la mer ! ) au pâle...

Kalian secoua négativement la tête face à l'offre de sa généreuse nouvelle amie.
- Oh merci ! Mais je t'en pris, je n'aime pas les réglisses, tu peux les manger.
Quelque chose la tracassais également, un fait inhabituel. Le bus tremblait comme une feuille. Au frisson que provoquait naturellement la route s'ajoutait un tremblement bien réelle. Il n'était pas perceptible, mais visible, en tout cas par Kalian. Elle se repérait par rapport au lettres rouges indiquant les vitres faisant office d'issue de secours. Elle fixa la vitre avant de se concentrer simplement sur la bordure de la paroi de verre. Son respiration s'approfondit, son corps s'immobilisa au point d’annihiler totalement le tremblement provoqué par les battement du cœur. Seules ses mouvements vitaux subsistèrent dans leur forme la plus réduite.
Le monde autour d'elle devint aussi flou que si il était vu a travers du verre dépolit. Elle ne voyait plus que ce qu'elle fixait. Et dieu sait comme elle voyait bien ! A une si courte distance, il lui semblait voir danser les atomes.
Mais ce qui l’intéressait n'était pas là, ce qu'elle craignait, des micro-fissures commençaient à prendre naissances le long de la gaine en plastique noire retenant les plaques transparentes. Ce n'était pas normal qu'un bus tremble ainsi. Elle reprit le contrôle complet de son corps en quittant avant de regarder autour d'elle avant de trouver ce qu'elle cherchait.
Elle se leva et dit à Faye.
- Tu peux me garder ma place ? Merci, je reviens tout de suite.
Et sur ce elle se leva pour aller vers un première. Il fixait le conducteur avec un sourire en coin et ses yeux laissaient transparaitre une grande concentration. Kalian avait, en corrélation avec son pouvoir, appris à décrypter les émotions des gens dans leurs gestes. Bien sur, sur un professionnel, elle ne pouvait rien, mais tout indiquait que ce jeune homme tentait un mauvais coup. Mais surtout, qu'il utilisait son pouvoir. Elle se planta devant lui, coupant sa concentration. Immédiatement, les lettres se stabilisèrent.
- Ça t'amuses ? Demanda-t-elle passablement irritée.
- Quoi ?
- Tu veux qu'on arrive vivant où ça te passe au dessus de la tête ce genre de chose ?
Il était évident aux yeux de Kalian que c'était lui qui faisait trembler le bus pour l’endommager. Son pouvoir devait avoir liens avec les champs magnétiques où les ondes sismiques quelque chose du genre. Il n'eut pas vraiment le temps de répondre, un bruit sec se fit entendre et le bus fit une embardée. Il n'était pas dure de comprendre, les jurons du conducteur était suffisamment explicites. Un des pneus venait surement d'éclater.

Faye était dégoutée, c'était la seule fois où elle avait pris le bus et comme par hasard, c'était pour nous. Le bus fut forcé de s'arrêter. Nous étions coincés sur un petit bout de route où seul un carré de gazon nous tenait compagnie.

- Il faut continuer à pied suggérais-je.
- T'es pas folle ? lui répondit une personne adjascente, on est à plus d'une demi heure de marche avec nos sacs et nos valises !

Faye se tut, cette fois ci, son répondant ne ferait pas le poids et son pouvoir ne lui servirait à rien. Les gens étaient trop stressées par l'idée de savoir si leur tee-shirt préféré allait bien se trouver dans leur armoires ce soir ou par autre chose. Elle trouva une personne au hasard et lui expliqua clairement ce qu'elle pensait :

- Il va falloir se soutenir sur ce coup là. Le lycée est encore loin mais une demi heure ça peut se faire. A moins que quelqu'un ai de supers compétences mécaniques ...

Le vent lui répondit par un souffle froid et la pluie n'avait pas cessé.

La pluie frappant les carreaux de sa chambre l'avait réveillée en sursaut. Et maintenant, se traînant sur un trottoir, c'est elle qui subissait les assauts à répétition de l'eau. Son visage et sa crinière blonde était trempés... Comme tout le reste en fait. Seul ses maigres bagages étaient à l'abri de l'humidité depuis exactement une heure. Une heure à marcher à cause de sa connerie. Louper un bus de deux minutes, il fallait le faire quand même, non ?

Absorbée dans ses pensées, elle finit par oublier la désagréable sensation du froid qui essayait vainement de pénétrer sa peau. Foutu bus. Mais pourquoi il avait pas attendu aussi ? Le lycée, il était pas franchement à côté. Foutu rentrée. Pourquoi elle tombait ce jour là d'ailleurs ? Puis l'internat, l'idée lui plaisait moyennement. Enfin, on ne lui avait pas demandé son avis alors elle jurait tout bas en se contre-fichant des passants qui la regardait un peu bizarrement... « Mais elle a quoi cette cinglée, à marmonner tout bas, tête baissée... complètement ailleurs ? » Ben... Elle même, elle ne saurait répondre à cette question. Et puis, il y avait un bus le long du trottoir. Pas n'importe quel bus évidemment.. C'était LE bus. Seulement un regard lui fit comprendre qu'une roue était à plat et que l'attente serait plus ou moins longue. Tant pis ? Au moins, elle serait au sec.

Arrivée près de la porte elle fit un geste au chauffeur qui, un peu paniqué quand même par l'assaut de jeune, lui ouvrit la porte sans se préoccuper plus que cela de la nouvelle venue. Ne se sentant pas vraiment concernée, elle se dirigea vers le premier siège libre et se laissa tomber comme une masse savourant la chaleur du véhicule. Finalement, on y était bien. Sa tête bascula contre la vitre criblée de gouttes et elle repartie loin dans ses pensées.

(j'avais tout bien fait, et cet idiot m'a supprimé mon message avant que je puisse poster >.< ce sera sans doute moins bien...)

- Oh, flûte ! s'exclama Eileen en entendant le pneu exploser. Espèce d'ornithorynque, vous ne savez pas conduire ?

Eileen ne savait absolument pas ce qu'était un ornithorynque, vu mais la longueur du mot, cela devait être une insulte particulièrement grave...
Le juron que le conducteur lui jeta à la figure avant de décrocher son téléphone fut beaucoup moins inventif. Il quitta ensuite le bus pour aller demander qu'on lui envoie un car de rechange.
Sur une petite route de campagne, à trois quart d'heure du dépôt le plus proche.
Au LPII, on ne plaisantait pas avec les horaires de rentrée. Quand l'heure était passée, elle était passée, et si vous étiez encore dehors, vous n'aviez plus qu'à prendre votre mal en patience. L'année précédente, un cercle trois qui avait voulu jouer au malin était arrivé cinq minutes après la sonnerie.
Il avait dû attendre deux jours devant la grille qu'on vienne lui ouvrir.
Hors, dans ce bus, ils étaient bien une vingtaine. Une vingtaine d'élèves qui avaient intérêt à se bouger s'ils voulaient arriver en un seul morceau.

- Siouplaît ! cria Eileen.

Certains regards se tournèrent vers elle, d'autres restèrent penché sur leur conversation. Eileen retira de l'allée le caniche fantôme qui s'y promenait, puis elle commença, de sa petite voix aiguë, se dressant sur la pointe de pieds pour gagner cinq centimètres.

- Est-ce que quelqu'un ici peut faire oublier au chauffeur ce qu'il aura vu ? Et est-ce que quelqu'un peut nous téléporter, ou nous faire aller plus vite ?

Et maintenant, l'essentiel. Elle avait réussi à capter presque toute l'attention. C'était le moment de les convaincre qu'elle était à refaire.

- Surtout ne perdez pas espoir ! J'ai vu qu'on avait des bonbons, et il me reste des provisions de chocolat pour la semaine ! Récupérez vos valises dans le calme ! Les éléphants roses et bleus d'abord !