OUI, je sais, Alex et N°8 sont TRÈS mal faits, mais je ne les connait pas assez pour bien les jouer. Donc imaginez que c'est pas vraiment eux, mais un version retouchée à mort...
Du blanc.
Partout.
Aucune texture, aucune teinte. Juste un blanc, terriblement uniforme.
Et au milieu de ce blanc, quelque chose qui n’a rien à y faire.
Un hibou.
Il vole en zigzags, avec un air étrange, pour un hibou. Une expression presque humaine. Il a l’air agacé.
Alors qu’il continue de voler, sans vraiment se diriger vers un point précis, quelque chose apparaît au milieu de tout ce blanc.
Quatre dalles de carrelage.
c’est un carrelage qui ne détonne pas vraiment. Il est blanc vaguement nervuré de gris. mais immédiatement après apparaît sur le carrelage un fauteuil, et sur le fauteuil un jeune homme, qui est déjà adossé et les jambes croisées. Il relève la tête et avise le hibou. Il sourit, puis lance :
- Salut, Jib’ Tu t’es encore paumé ?
Aussitôt, le carrelage s’étend jusque sous le hibou, qui en touchant terre, reprend forme humaine.
-Salut, Alex. J’oublie toujours qu’ils effacent tous les jeudis soirs.
Celui sur le fauteuil, Alexandre, est un magnifique jeune homme, âgé d’un peu plus de 25 ans, bruns aux yeux verts. En face, Jibral, sensiblement du même âge, garde sous sa forme humaine de nombreux attraits de l’animal. Il a de grands yeux, un peu trop ronds, et parfaitement oranges. Et ses cheveux ne sont pas ses cheveux, mais des plumes, de jolies plumes oscillant entre le brun et la châtain plus clair.
Après un instant de silence, Jibral reprend :
-Elle est où, Roxane ?
-Elle dort.
Le hibou dévisage l’autre avec une moue ironique.
-J’en connais un qui s’est encore pris du bon temps...
-Oui, oh, ça va, hein !
-Je suis pas sûr que les autres guides apprécient que tu passes tes nuits à draguer la fille dont tu es responsable... Tu avais pas promis d’arrêter ?
-J’avais arrêté. Elle m’avait repoussé... mais... Je l’aime...
-Je suis pas non plus sûre que ce soit très autorisé, ça...
-Arrête, tu vas pas me dire que TOI, tu n’as jamais fait une entorse au règlement ?
-Si, mais pas aussi grave. On est des guides. on doit guider. Sinon, on s'appellerait des embrasseurs.
Alexandre pose sa tête sur son coude.
-C’est pas à toi de me dire ce que je dois faire !
-Non, mais le règlement, il existe.
-Tu sais où tu peux te le mettre, le règlement ?
-Attend... QUI viole les lois tous les soirs en allant embrasser la fille qu’il est sensé guider ?
-Jib ?
-Oui ?
-Tu fais chier.
Le jeune homme aux yeux orange sourit et passe la main dans ses cheveux-plumes. Puis il se laisse tomber en arrière. Au moment où il va toucher le sol, un canapé rouge et bien confortable apparait pour le réceptionner.
-Dit, Jibral...
-C’est moi ?
-Tu... tu me dénoncerais pas, si ?
-Tu sais bien que non ! Mais...
-Oui ?
-Si tu l’aimes tant. Pourquoi est-ce que tu déposes pas un dossier pour qu’elle devienne guide aussi ? J’ai cru comprendre qu’elle se débrouillait bien, question rêves lucides, non ?
-Oui, elle devient même un peu trop douée, en fait... L’autre jour, elle a réussit à péter ma prison et à se barrer.
-Merde.
-Tu l’as dit.
-Je savais pas qu’un humain pouvait démolir un objet créé par un guide...
-Tu vois, je savais pas non plus.
-Bah alors, c’est dans la poche ? Elle devient guide, elle t’es infiniment reconnaissante, elle t’aime, tu l’aimes... tu lui rêve une belle chambre avec un joli lit et...
-Oui, oui, stop, c’est bon, je me figure très bien l’idée !
-Pourquoi tu le fais pas ?
-Je voudrais attendre... qu’elle soit un peu plus vieille. Je crois que ça la dérange que j’ai 25 ans. Et le jour où elle deviendra guide, elle cessera de vieillir, alors j’aimerait ne pas faire du détournement de mineur toute ma vie.
Jibral s’étira.
-Tu peux nous rêver un truc à bouffer, s’il te plaît ? Je crève la dalle, c’est atroce...
-Pourquoi tu le fais pas toi-même ?
-J’ai comme qui dirait la méga-flemme.
Alexandre soupira légèrement et ferma les yeux un bref instant. Le carrelage s’étendit encore de quelques dalles, et il apparut près d’eux une table en chêne et deux chaises.
-Tu veux manger quoi ?
Le hibou bailla avec délice, les yeux fermés.
-Des feuilles d’or à la teinte délicieusement caramélisée, dont le cœur doit être fondant, mais l’extrémité légèrement craquante, nappée d’une sauce vermeil coulante, à la légère odeur de thym, de laurier, parsemé de quelques billes noires où se reflètent les bougies qui agrémentent la table...
-Ouais, des lasagnes, quoi ?
-Tu viens de briser mon délire poétique, Alex !
-Oui, mais j’ai faim.
Il claqua artistiquement des doigts, et sur la table se matérialisèrent deux assiettes et un plat bien rempli.
-Ttt-ttt, sourit Jibral en secouant la tête. Tu n’y connais rien...
À son tour, il fit un gracieux mouvement du bras en fermant les yeux, et on vit apparaître en plus une nappe bordeaux, et deux bougies. Puis, dans un coin, un violon suspendu dans les airs, qui jouait sans musicien.
-Voilààà, fit-il avec un air faussement hautain. Et maintenant, si signor Alessandro Da Daestal veut bien prendre place...
-Je suis espagnol, à la base, en fait.
-Et alors ?
-Je... oh et puis laisse tomber...
Il s’assit et se versa la moitié du plat dans l'assiette. Son camarade se joignit à lui, se servant la deuxième part.
-What the Fuck ?
Les deux garçons firent volte-face dans un même ensemble.
-Ah. N°8...
-I don’t remember allowed you to speak to me.
-C’est qui, elle ? demanda Jibral à voix basse.
-Numéro huit. C’est la seconde gardienne d’un autre amie à Roxane... Manil, Minal, un truc dans le genre.
La jeune fille, un peu plus jeune qu’eux, regardait la table, et plus particulièrement les chandelles, avec un air suspect.
-Sorry... I don’t want to disturb you in a very romantical moment...
Jibral faillit s’étouffer avec son olive en l’entendant parler. Il embraya :
-Nan mais sérieux... qu’est-ce que tu fiches ici ?
-What do you think I am doing here ? If I have the choice, I will be... playing golf if I had to, but very far away from here !
-Ben... rêve-toi un minigolf et fiche-nous la paix, alors, conclut Jibral en replongeant le nez dans ses lasagnes.
N°8 paraissait ennuyée d’avoir encore des questions à leur poser.
-Where is... Where is the town ?
-Alors ça, soupira Alexandre. Je savais bien que personne allait être au courant, mais bon... Avec toutes les créations que tout le monde s’était faite, c’était un bordel monstre. Les autorités ont décidé que tout serait détruit une fois par mois. Les objets que tu voulais garder, il faut les déposer au palais en partant.
-Et merde, mon canard en plastique.
-Quoi, Jib’ ?
-J’avais un canard en plastique, tout jaune, tout mignon...
-On a compris, on a compris... Et toi numé...
Elle était partie.
-Pas très sociable, commenta Jibral. Et puis c’est quoi son trip avec l’Anglais ?
-Faut pas chercher à comprendre...
À ces mots, quelque chose se mit à briller sous le tee-shirt de Jibral. Il passa la main dessous, et en ressortit un pendentif en forme de Plume, qui brillait en bleu.
-Qu’est-ce qu’elle est pénible, elle...
-Qui ?
-Devine... Eva dort mal en ce moment... Elle fait des micros-sommeils à répétition... Et moi j’y passe mes nuits... Enfin bon, je dois te laisser, le devoir m’appelle... On se retrouve après ?
-Ouais... Fait de beaux rêves !
Jibral se retransforma en oiseau, et disparut avec un clin d’œil moqueur.
-Drague bien !
Alexandre enfouit son visage dans ses mains avec un soupir désespéré. Autour de lui, le carrelage gagna encore en surface. Quatre murs s’élevèrent sans qu’il ne bouge d’un pouce, et un toit finit par le recouvrir.
Chaque guide, en retrouvant la ville effacée, allait sans doute très vite se recréer une nouvelle maison, un nouveau jardin, un nouveau monde. Il n’y avait pas de limite à l’imagination, et dans ce magnifique espace dédié aux guides, tout leur était permis. Certains se permettaient les extravagances les plus folles, et d’ici quelques heures, il y aurait sans doute le même désordre qu’auparavant, cette ville que tous chérissaient, construite sur des dizaines d’étage, avec des océans au-dessus des villes et des cieux dans les grottes.
Mais là, il était simplement fatigué, et il avait envie de faire simple.
Les guides ne dormaient pas. Le simple fait d’être présent dans ce monde suffisait à leur rendre leur énergie. En cas de grosse fatigue où de maladie, la fontaine du palais guérissait tous les maux.
Mais il n’y avait pas à dire, un lit, c’était tout de même plus confortable.
Alexandre «rêva»une porte en bois sur le mur, et l’ouvrit. Puis il ferma les yeux, et dessina très vite une minuscule chambre, pourvue d’un lit blanc. Il ajouta un table de chevet et une lampe. Puis, en soupirant, il rêva sa dernière création.
Un petit cadre photo rouge, contenant une image qu’il avait lui-même dessinée, reproduite à la perfection d’après un de ses souvenirs.
Il s’agissait de Roxane, son élève adorée, qui a cet instant était assise sur un tronc d’arbre, un livre sur les genoux. Il aimait beaucoup cette image.
Quand Alexandre rouvrit les yeux, il se sentait en pleine forme. Son pendentif ne l’avait pas réveillé en pleine nuit, c’était une bonne chose. Cela voulait dire que Roxane dormait, et ne rêvait pas. Autrement, il aurait été mandaté pour la guider.
-Horloge, dit-il à voix haute.
Les réveils et autre machines donnant l’heure ne fonctionnaient pas dans le monde onirique. En revanche, le palais disposait d’une gigantesque pendule qui indiquait l’heure terrestre, et permettait aux guides de se tenir prêts. On pouvait, en demandant à voix haute, obtenir une copie de cette horloge.
sept heures cinquante cinq.
Bon, parfait. Sa nuit était terminée. Roxane n’aurait plus besoin de lui avant le lendemain soir. Il allait pouvoir en profiter pour se rêver un bon bain, et aller se renseigner au palais sur les procédures pour devenir guide.
-Alex, t’es là ?
-Jib ? T’en a mis, du temps...
-Ouais, j’ai eu... disons... un petit problème, qu’il a fallut que je règle...
-Hein ?
-Tu sais qu’Eva s’intéresse au rêve, en ce moment ?
-Non... Enfin, peut-être...
-Elle cherche comment elle peut dépasser ses limites et aller dans les rêves des autres.
-Sans guide, c’est impossible.
-Oui, euh...
À cet instant, le porte de leur cuisine s’effondra.
-Jibral, if you don’t explain to me what happend this night, you will live a very bad moment.
-Numéro huit...
-I advise you to speak out quickly.
-Je sais PAS ce qu’il s’est passé, tu vois ?
-Are you kidding me ?
-Non.
-Quelqu’un pourrait m’expliquer ? tenta Alexandre d’une toute petite voix.
-SHUT UP ! hurla numéro huit, décidément hors d’elle.
-D’accord.
-Jibral, explain yourself NOW !
-Tu sais que tu me dois des comptes aussi, hein ? C’était pas une raison pour inciter Manel à massacrer Eva à la hache !
Alexandre ouvrit de grands yeux.
-Quoi ?
-Il s’est passé... un truc bizarre, résumé Jibral. Eva a rêvé cette nuit, mais pas dans son monde. Elle était dans celui de Manel. Je l’ai cherché un moment sans le trouver, je comprenais pas pourquoi mon pendentif continuait des briller.
-And this... this... mad girl was in MY student world ! And she broke her rules !
-Hein ? Là, tu éxagères ! Elle n’a rien broké du tout !
Numéro huit le fusilla du regard.
-Oui, bon, si d’accord, un peu. Mais elle était pas lucide ! C’était son inconscient !
-You ARE her leader. You had to know that she mussn’t did it !
-Mais je la trouvait pas !
-You are just a USELESS leader, so !
-Tout de suite les grands mots... T’aurais pu venir me chercher, aussi, miss je-me-la-pète-avec-mon-accent-Anglais !
-I was trying to protect Manel from your stupid thing !
-You ouère trailling to protècte queudalle, répondit Jibral avec un accent... contestable. t’as juste incité Manel à mort à la tuer.
-That false.
-Et QUI lui a mis une hache dans les mains au bon moment ?
-Er...
-Voilà, donc Zut !
Numéro huit croisa les bras et recula vers la porte.
-If THAT happend again, this is not an ax I will give to Manel...
Puis elle se téléporta.
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